Un bref coup de fil. Celui que redoute Fathi Selmi, garagiste dans la banlieue de Sousse, a fini par arriver le 16 octobre 2014. En février, son fils cadet, Nidhal (21 ans), brillant espoir de l’Etoile sportive du Sahel (ESS), une des équipes phares du championnat de foot tunisien, avait disparu sans prévenir personne. Direction : la Syrie.
Au téléphone, ce jeudi matin, son aîné, Rayan (22 ans), parti lui aussi un peu avant combattre au sein de l'Etat islamique, tente de réconforter son paternel : «Nidhal est au paradis maintenant. Il ne faut pas pleurer.» C'est du moins ce que rapporte Mohamed Ayachi, un des dirigeants de l'équipe sahélienne, proche de la famille Selmi. A Sousse, tout le monde est sous le choc. Mais pas surpris. Chiheb Ben Fradj, son ami et coéquipier du jeune joueur à l'ESS depuis l'âge de 7 ans : «Depuis la révolution de 2011, Nidhal a doucement changé. Il ne voulait jamais parler de religion. Parfois, il quittait la table où l'on jouait au rami dans un café pour aller faire la prière. Mais jamais on n'a pensé qu'il irait là-bas.» Dans l'après-midi du 16 octobre, Radio Shems, une antenne de Tunis, confirme la nouvelle : Nidhal Selmi, international tunisien dans toutes les sélections de jeunes (moins de 17 ans, moins de 18, moins de 20) est mort dans une embuscade avec cinq de ses camarades à Raqqa, en Syrie, à 160 kilomètres à l'est d'Alep.
Cuisse. Décembre 2013. Roger Lemerre vient d'être nommé coach