Dimanche 30 novembre 2014. L'Etoile du Sahel, deuxième du championnat d'élite tunisien, affronte l'Espérance sportive de Zarzis (cinquième) lors de la 11e journée. Un choc au sommet et un stade vide : le huis-clos a été décrété par la fédération pour une histoire de banderoles. Hussein Jenayah, la trentaine élégante et le verbe haut, directeur administratif de l'Etoile : «Nos supporteurs ont répondu à un slogan des fans de Bizerte par un autre, tout aussi hostile. Les instances infligent désormais des matchs à huis clos pour ça.» Les Bizertins s'étaient lâchés : «Tous les Sahéliens sont des salauds»,allusion au fait que les anciens chefs d'Etat Habib Bourguiba (né à Monastir) et Zine el-Abidine Ben Ali (originaire de Hammam Sousse) viennent du Sahel.
Seuls une trentaine de journalistes (et une palanquée de policiers) sont présents au stade olympique de Sousse, arène antique à ciel ouvert, pour rendre compte du match. Depuis la révolution de 2011, la ligue domestique a pris un drôle de tour. Passé l'interruption du championnat, il y a d'abord eu une phase de huis clos en 2012 avant que la fédération et le ministère de l'Intérieur ne décident d'interdire les déplacements des fans adverses (à quelques dizaines de privilégiés près) et de limiter de façon drastique le nombre de spectateurs dans chaque stade : seuls 8 000 personnes ont pu par exemple se rendre au stade de Radès (dans la banlieue de Tunis) le mardi 24 décembre, pour le grand der