Vous savez ce qu'il veut, Hatem Ben Arfa ? «Donner de l'amour.» Il l'a dit à l'Equipe en janvier 2012 : «J'ai envie de donner de l'amour.» Alors, amis niçois (et niçoises), tenez-vous bien : le gars de 27 ans qui déboule au Gym est un peu spécial, à la fois bad boy et wonderboy. Un impulsif qui s'embrouille avec tout le monde (à l'école, au centre de formation, dans ses clubs), ingérable car incapable de contrôler ses pulsions et ses frustrations, réputé dans les vestiaires comme un fouteur de merde, arrogant et hautain. Ce qu'il reconnaît d'ailleurs, car c'est un bon gars aussi : faux dur à tête d'ange, sourire boudeur et cœur tendre.
Rebelle. Un génie, surtout, avec de l'or dans les pattes et des dribbles de ouf. Il aurait pu être une sorte de Cristiano Ronaldo français - oui, il en avait le talent technique et l'agilité physique. Mais il est intermittent du spectacle depuis son plus jeune âge. Issu d'une prometteuse «génération 87», avec Benzema, Nasri et Ménez notamment, il fut embauché à 15 ans à Lyon en 2002, devenant pro à 16 ans. Décevant ensuite, il est recruté pour 12 millions d'euros à l'Olympique de Marseille en 2008.
Là aussi, il agace, ce qui ne l’empêche pas d’envoyer balader un premier coach (Gerets) en refusant de rentrer sur le terrain contre le PSG, et de lancer au deuxième (Deschamps) qu’il lui casse les c… Malgré cela, il a dans sa musette 5 titres de champion de France (4 avec Lyon, 1 avec l’OM). Mais il n’y est pas pour grand-chose, si vous écoutez les joueurs qui ont supporté ce casse-pieds dans leur vestiaire.
Quand il passe à Newcastle en 2010, sa valeur a déjà chuté de moitié : plus que 6 millions d’euros. Chez les Magpies, il a (quelques) hauts, avec deux buts d’anthologie contre Blackburn et Bolton, du style crochet, roulette, passements de jambe et gardien fusillé à bout portant, et beaucoup de bas, pas tous de son fait, car il a subi deux fractures. Les supporteurs de Newcastle ont un temps pris fait et cause pour ce rebelle, déployant des banderoles à sa gloire, avec son visage à la place du Che Guevara. Mais il était carbonisé auprès de son entraîneur, Alan Pardew, qui l’a prêté à Hull City en septembre. Ben Arfa a fini par résilier ce prêt en décembre, puis son contrat à Newcastle, pour se relancer à Nice, modeste club qui ne sait plus trop comment on marque des buts et qui s’est fait éliminer de la Coupe de France, samedi, à Valenciennes (2-0).
Hatem Ben Arfa doit passer la visite médicale ce lundi et signer peut-être pour dix-huit mois, histoire de retrouver la Ligue 1, dix ans après y avoir débuté. L’avantage, c’est qu’il n’y a pas d’indemnité de transfert à payer. Et Ben Arfa a sacrément baissé ses prétentions de salaire : il passerait, dit-on, de 250 000 euros mensuels à 100 000 euros. Mais s’il est malin, il a mis un peu d’artiche de côté, non ?
Echine. Le plus dingue, c'est qu'on lui fait encore confiance. Et pas n'importe qui : Claude Puel, un gars qui connaît le ballon. Il y a donc toujours quelque chose à espérer du p'tit gars de Châtenay-Malabry. Reste une question à trois balles : Ben Arfa s'étant empaillé avec tous ses coachs (Houllier à Lyon, Gerets et Deschamps à Marseille, Pardew à Newcastle, Blanc en équipe de France), combien de temps lui faudra-t-il pour se prendre le chou avec Puel, pas spécialement souple de l'échine avec ses joueurs ? Ou peut-être va-t-il au contraire s'épanouir… En attendant, s'il vient pour «donner de l'amour», ce sera déjà ça de gagné.