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Libération

Australie : les Français en quête d’eux-mêmes

Tennis . Invités à se remettre en cause après la Coupe Davis, les joueurs débutent le tournoi de Melbourne.
Le Français Richard Gasquet lors d'une séance d'entraînement avant le début de l'Open d'Australie le 18 janvier 2015 à Melbourne (Photo Manan Vatsyayana. AFP)
publié le 18 janvier 2015 à 19h46

Les tennismen français ont attaqué dans la nuit de dimanche à lundi l’Open d’Australie, première levée du Grand Chelem de l’année, et la fine fleur tricolore est passée très au large de l’examen de conscience auquel Yannick Noah les a invités dans la foulée de leur défaite en finale de la Coupe Davis face aux Suisses (1-3) mi-décembre à Lille. Noah, au fond, n’avait qu’un truc à dire : les tennismen français amusent la galerie. Ils affichent des ambitions pour rire, entre deux clins d’œil, alors qu’ils se font la vie douce ou qu’ils réutilisent à l’infini des recettes - si l’on peut dire - qui n’ont jamais fonctionné et qui ne fonctionneront jamais.

Surprise. Richard Gasquet, qui attaquait dimanche soir son tournoi face à l'Argentin Carlos Berlocq, a rendu visite à Rafael Nadal, fin décembre, dans sa structure d'entraînement de Manacor, histoire de voir comment travaille au quotidien un joueur espagnol qu'il croise sur les terrains - tournois de jeunes compris - depuis quinze ans.

Ou bien le Biterrois a surjoué sa réaction de surprise devant le journaliste de l'Equipe qui rapportait la scène, ou on tombe de l'armoire : découvrir à 28 ans la dureté des standards d'entraînement du Majorquin et s'en étonner, alors qu'on a disputé deux Masters (regroupant les huit meilleurs mondiaux en fin de saison) en 2007 et 2013, c'est difficile à avaler. Aux dernières nouvelles, Richard Gasquet se cherchait, après une année 2014 déprimante, marquée par une blessure au dos qui a escamoté sa saison sur terre battue.

Le cas Gaël Monfils pose aussi des questions. Mais pas les mêmes. Le 19e mondial a pris l'habitude depuis deux ans d'invoquer des «motifs personnels» pour expliquer ses nombreuses éclipses, le joueur s'éloignant brusquement du circuit pour y revenir tout pareil, c'est-à-dire sans crier gare. Son suivant au classement ATP (20e) et compatriote Gilles Simon, dont il est très proche, avait étonné cet automne en annonçant une sorte de reprise en main par ses soins d'un Monfils «qui est en train de passer à côté de son potentiel» (dixit Simon), et qui aurait brusquement découvert dans un avion au cours d'une conversation cet été qu'il avait en vérité la grande classe, celle qui doit lui permettre d'effacer des tablettes un Yannick Noah, dernier Français vainqueur d'un tournoi du Grand Chelem en 1983 - avant Noah, il faut remonter à 1946.

Simon a donc proposé à Monfils de partager son coach, l'Allemand Jan De Witt, avec un projet de jeu relativement clair : «Améliorer mon jeu vers l'avant» (Monfils), c'est-à-dire sortir le Parisien de cette zone de confort, plusieurs mètres derrière la ligne de fond de court, où il cuisait ses adversaires à l'étouffée - enfin pas tous. Là aussi, à 28 ans, il semble qu'il soit temps. On peut aussi se demander quel sera l'effet de ce «partage» de coach sur les performances de Simon, pas bien flambant sur le court depuis le début de l'expérience.

Exhibitions. Enfin, il y a le cas Jo-Wilfried Tsonga. Mais il faudra l'aborder plus tard : victime d'une inflammation de l'avant-bras droit qui l'avait diminué en finale de la Coupe Davis, Tsonga n'était pas en état de jouer l'Open d'Australie, les délais de guérison demeurant obscurs. Cette blessure ne l'aura pas empêché de disputer des exhibitions richement dotées en Asie fin décembre mais, bon, comme Jo-Wilfried Tsonga l'a dit et répété, il est joueur de tennis professionnel, ces exhibitions ne sont pas de véritables matchs et personne n'est à sa place. Certes. Mais cette affaire n'aura pas fait beaucoup de bien à son image.