Qu’on le veuille ou non, la concomitance de la Coupe d’Afrique des nations de foot, qui a débuté samedi à Malabo en Guinée équatoriale, et du Mondial de hand, qui se déroule au Qatar, pose la question de la place d’une sélection nationale, ou plutôt de ce qu’elle porte et représente. Facile vainqueur de la Biélorussie (28-23) et du Chili (27-20) pour débuter, le Qatar, qui n’a aucune tradition handbalistique ni même sportive à l’exception de l’équitation, a dégainé le chéquier et acheté au prix fort - avec possible dédit à leur fédération d’origine - des Serbes, Monténégrins, Espagnols et autres Cubains, voyant leur compétitivité grimper en flèche.
Le cas des sélections africaines est différent. Les faits : certaines sélections (Algérie, Sénégal, Mali mais aussi la Guinée équatoriale, qui compte quinze joueurs nés en Espagne) sont composées de joueurs éveillés puis formés au football en Europe, et plus particulièrement en France. Rien à dire : les règlements permettent à un footballeur d’endosser la nationalité d’un de ses grands-parents, le sport consiste à utiliser les susdits règlements, fin de l’histoire. Après, il faut se souvenir que les règles ont été assouplies pour favoriser les changements de nationalité quand Sepp Blatter a eu besoin des voix des Africains pour se faire réélire à la présidence de la Fifa. Plus généralement, dans ces conditions, l’objet d’une compétition internationale doit être redéfini. Elle n’a jamais été cette «guerre en temps de paix» fantasmée par le public : elle n’est plus non plus l’expression d’un savoir-faire local en matière de formation et de gestion d’une matière première - le talent, toujours - plus ou moins rare selon les latitudes.
Il reste pourtant quelque chose. Par le passé, on a rencontré des joueurs désireux - ou juste curieux - de renouer un fil ancien : le cas du Rennais Check M’Bengue, enfilant le maillot sénégalais parce qu’il avait la conviction que c’est ce qu’aurait voulu son père disparu, est à cet égard bouleversant. Faute d’attachement, c’est bien sûr l’ambition sportive qui pousse le joueur à défendre un maillot africain : la perspective de jouer une compétition internationale, acmé d’une carrière, ne se refuse pas. La vie en sélection ressemble alors à l’autre, celle des clubs : un projet commun limité dans le temps où une structure (la fédération, le club) doit permettre à un petit groupe d’hommes de s’exprimer au mieux, indépendamment des attentes extérieures. Au fond, le fait que les Qataris sortent le chéquier pour quelques handballeurs n’enlève ni n’ajoute quoi que ce soit.