Menu
Libération

Un XV de France à trois quarts décevant

Rugby . La défaite contre l’Irlande (18-11), samedi, confirme les faiblesses de la ligne arrière des Bleus.
Le demi de mêlée Rory Kockott s'explique avec le flanker irlandai Peter O'Mahonny. (PHoto Franck Fife. AFP)
publié le 15 février 2015 à 19h16

Caramba ! Encore raté. Samedi, le XV de France a été battu par l’Irlande 18-11, à la deuxième journée d’un Tournoi des VI nations qui, pour l’heure, ne chamboule pas la hiérarchie (les Anglais ayant rossé les Italiens 47-17, et les Gallois ayant péniblement gagné en Ecosse 26-23 dimanche). A Dublin, les Bleus ne partaient pas favoris mais ils avaient une idée derrière la tête : démentir les pronostics, se rassurer avant la Coupe du monde qui démarre le 18 septembre et faire taire les caqueteurs qui, depuis que Philippe Saint-André dirige la manœuvre (bientôt trois ans et demi, tout de même), se désespèrent de voir l’équipe retrouver un semblant de cohérence dans le jeu - et les résultats afférents.

Regrets. En ce sens, on peut parler de fiasco avec, comme parfois chez les Bleus, un possible trompe-l'œil, symbolisé par l'écart au tableau d'affichage : cela fait cinq ans qu'il n'y avait pas eu une telle différence (+7 points) entre l'Irlande et la France. Néanmoins, au moment du débriefing, tout l'effectif ressassait les regrets d'avoir raturé un exploit dont il se sentait proche - sans doute à tort et à raison.

Exactement comme les Ecossais qui, une semaine plus tôt, quittaient le Stade de France la besace vide et le cœur gonflé d’amertume, après avoir perdu 15-8 (-7, donc)… tout en ayant inscrit le seul essai du match. Curieusement, on observe une parfaite symétrie entre les deux rencontres, les Bleus se retrouvant juste dans le camp d’en face au moment de décliner la locution «à qui perd gagne». Reste maintenant à interpréter le fameux verre à moitié vide.

Seules deux rencontres du Tournoi pouvaient requinquer la France : les déplacements à Dublin, puis à Twickenham, contre l’Angleterre, pour le dernier match, le 21 mars. Après la défaite de samedi, il ne lui reste plus qu’une cartouche pour faire douter des adversaires qui emmagasinent de la confiance.

Samedi, les joueurs ont à nouveau failli dans la finition et diverses approximations, voire cagades, ont terni l’image d’un groupe qui récite ses gammes depuis pourtant trois semaines. Plusieurs individualités ont également déçu : l’arrière Scott Spedding n’a décidément pas la vélocité ni le culot de Brice Dulin (pas remis de blessure). Et le demi de mêlée Rory Kockott évolue bien en deçà des performances qui étaient les siennes en club (Castres) ces deux dernières années.

Pour la deuxième semaine consécutive, la ligne des trois quarts n’a jamais fusé ; et l’ouvreur Camille Lopez (qui a laissé filer cinq points au pied à des moments clés) a fait pâle figure face à son vis-à-vis Jonathan Sexton, bluffant après douze semaines d’abstinence forcée due à trois commotions cérébrales en un an. L’indiscipline a aussi coûté cher aux Bleus, à l’image du carton jaune de Pascal Papé, reçu pour une brutalité inutile et stupide.

Abnégation. Côté plus positif du verre à moitié plein, on retiendra que, globalement, la défense tient (une constante tricolore) et que l'Irlande, bien qu'ayant toujours fait la course en tête, n'est presque jamais parvenue à semer la panique. En touche et en mêlée, les Bleus ont tenu leur rang. Et s'il faut capitaliser, c'est sur ces vingt dernières minutes où les avants ont sonné la charge. Les Ben Arous, Atonio ou Kayser savent aussi faire vivre le ballon et le fait que le seul essai du match ait été inscrit par un deuxième ligne remplaçant (Taofifenua) récompense cette abnégation des «gros» dont il conviendrait de s'inspirer dans quinze jours, contre Galles au stade de France.