Samedi, à 18 heures, le XV de France poursuivra au Stade de France son cabotage dans le cadre du Tournoi des six nations. Cette fois, c'est le pays de Galles qui, sauf nouveau schpountz (cf le fiasco de 2013 sur la même pelouse), peut lui permettre de retrouver un semblant de moral. Sans préjuger du résultat, il s'agira d'une nouvelle expérience du «très très haut niveau», ainsi défini par le sélectionneur, Philippe Saint-André, qui double volontiers l'adverbe, comme pour tenter de relativiser les très très piètres performances de la sélection nationale depuis qu'il en a pris les rênes, fin 2011.
Alors que les Bleus continuent de remplir les stades et que les audiences télé sont bonnes, un sentiment d’ennui tenace s’est institué, caractérisé par une forme d’inhibition indexée sur les couacs itératifs (en clair : jouer pour ne pas perdre, avant de songer à gagner). Sur les deux premiers matchs de l’épreuve (pâle victoire contre l’Ecosse et défaite en Irlande), les éclaircies ont été brèves, et plus à mettre au crédit des avants, combatifs et solidaires, que des arrières, globalement diaphanes. Cinq changements ont été annoncés mercredi dans le XV de départ. Parmi les recalés, on note que la «filière étrangère», encore perçue comme un eldorado (ou un cache-misère) potentiel cet automne, a déjà du plomb dans l’aile, puisque les Sud-Africains Rory Kockott et Scott Spedding giclent. Certes, le premier est blessé, mais le fait est que l’un et l’autre n’ont pas convaincu.
De même, il est à la fois triste et éloquent de voir Pascal Papé, un des derniers grognards, quitter le Tournoi aussi piteusement, suspendu dix semaines pour avoir donné un coup de genou dans le dos de l’Irlandais Jamie Heaslip sous les yeux de l’arbitre - fut-il involontaire, quel aveu d’impuissance et de fébrilité ! Parmi les retours, censés apporter fraîcheur, plaisir et créativité (ben quoi, si on a plus le droit de rêver !), on scrutera Brice Dulin (un des rares à avoir toujours osé tenter des choses sous l’ère PSA) à l’arrière, Sofiane Guitoune à l’aile et Rémi Lamerat qui, titularisé au centre, pousse Mathieu Bastareaud sur le banc.
Quant aux chaises musicales de la charnière (épisode 15, version PSA), elles seront occupées cette fois par Camille Lopez (décevant à Dublin) et Morgan Parra, doublette qui présente au moins l’avantage de jouer ensemble toute la saison, à Clermont, l’actuel leader du Top 14.