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Libération
Compte-rendu

Les Bleus comme des coqs en pâte à Rome

La France, qui a battu (29-0) une faible Italie, est toujours en course pour remporter le tournoi.
Le trois-quarts centre français Gaël Fickou, dimanche à Rome. (Photo Andre Boyers. Reuters)
publié le 15 mars 2015 à 19h36

Et si, contre toute attente, le XV de France de rugby gagnait le Tournoi des six nations 2015 ? Il faudrait un concours de circonstances incroyables, du genre invasion de sauterelles concomitantes à une éclipse de soleil tombant un vendredi 13 : une défaite du pays de Galles samedi à Rome, plus une autre des Irlandais en Ecosse… accompagnées d’une victoire de 8 points minimum des Bleus à Twickenham contre les Anglais.

Modestie. N'empêche : ça peut encore arriver. Car, oui, les Tricolores se sont refaits dimanche au Stade olympique de Rome : 29-0 contre une Squadra azzura décimée par les blessures et pas bien vaillante à l'usage. Mais il faut se rappeler que le sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André, avait avant la partie utilisé des trésors de ruse et de circonvolution pour éviter de dire que la sélection française était favorite de cette rencontre. Auquel cas il se serait sans doute trouvé quelqu'un pour évoquer les deux dernières défaites romaines des Bleus (21-22 en 2011, 18-23 en 2013) en autant de matchs pour ramener l'encadrement tricolore à la modestie.

Au fond, c’est de modestie qu’il fut question durant le match contre l’Italie. Rudement secoués pendant le premier quart d’heure, les Bleus n’ont ni perdu la tête ni le fil du jeu - qui comme chacun sait commence par le combat d’avants -, ce qui leur a permis de constater assez vite qu’ils n’avaient pas affaire à des terreurs. Or, de tous les maux bleus, le manque de confiance est bien le pire. Avec ce souci d’assurance et de réassurance - ceinture et bretelles - commandant de ne surtout pas prendre d’initiative pour ne pas, en cas de malheur, être débarqué par Saint-André à six mois d’une Coupe du monde que tous rêvent de jouer.

Sacrifices. Les largesses italiennes auront donc permis d'écarter le parfum de scénario catastrophe et des sacrifices afférents (le fiasco de 2011 avait mis un terme aux carrières internationales de Yannick Jauzion, Jérôme Thion et Sébastien Chabal) et de permettre progressivement aux joueurs français de prendre des décisions et de donner de la vitesse au jeu. Pas de quoi cependant se relever la nuit : le match de samedi en Angleterre, face à un candidat au titre mondial qui s'est reconstruit pierre après pierre depuis 2011, sera d'une autre trempe. Pas de quoi non plus dissiper le sentiment d'inutilité qui flotte sur cette édition 2015.