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Libération

Rudy Gobert, hauteur à succès

Le jeune pivot français des Utah Jazz est en train de devenir un phénomène en NBA.
Rudy Gobert le 12 mars. (Photo Georges Frey. AFP)
publié le 20 mars 2015 à 19h56

C’était une bâche énorme en plein milieu du quatrième quart-temps. Dos au panier, Pau Gasol essaye quelques feintes avant de se retourner et tenter un shoot. Devant lui, Rudy Gobert décolle. Le natif de Saint-Quentin (Yvelines) n’a que faire des mille matchs NBA et des multiples titres internationaux de l’Espagnol : il le contre du haut de ses 2,16 mètres comme un poussin. Lors de ce quart de finale de Coupe du monde, où Gobert récolte plus de rebonds que les frères Gasol réunis (13 contre 12), le pivot français étonne et révèle son potentiel exceptionnel en sortie de banc. Le premier étage de la fusée Gobert est lâché. L’entrée dans la stratosphère du joueur des Utah Jazz a peut-être lieu actuellement.

Tonneau. Le mois de mars fou de Rudy Gobert en NBA a commencé par une stat énorme : 24 rebonds contre Memphis, record en carrière battu. Les huit matchs suivants ont été du même tonneau, avec des statistiques de rêve pour tout pivot NBA : une moyenne de 17,2 rebonds et 10,6 points. Série en cours. La réputation de contreur de Gobert a évolué vers celle de «big man» hyperdominateur.

Le déclic ? Plus de temps de jeu, tout simplement. Il était prêt à intégrer le cinq d’Utah, il fallait juste qu’une place se libère. Ce fut celle d’Enes Kanter, le pivot turc parti jouer les déménageurs à l’Oklahoma Thunder. Chargé de nouvelles responsabilités par son coach, Gobert assure.

Le joueur est spectaculaire. Ses alley-oops, claquettes-dunks et contres rageurs font se lever les supporteurs de la franchise de Salt Lake City. Il a également impressionné lors du Rising Stars Challenge, qui regroupait les meilleurs jeunes de NBA dans une confrontation de gala en marge du All-Star Game mi-février. Ses pelletées de dunks l'ont révélé un peu plus à l'Amérique du basket. Et désormais, le cri de ralliement «Gobert or go home» («Gobert ou rentre chez toi») se fait entendre en dehors de l'Utah.

«Il commence à dominer son gabarit hors normes, il est arrivé à maturité, analyse Jean-François Martin, qui fut son formateur à Cholet. Quand il était au centre de formation, il n'arrêtait pas de grandir, on essayait de le préserver.» On pouvait se douter que le gamin aurait un jour du mal à passer sous les portes. Son ancien basketteur de père, Rudy Bourgarel, culmine à 2,13 mètres. Aujourd'hui, Gobert a pris du muscle et sa croissance s'est donc stoppée à ce joli 2,16 mètres. Surtout, c'est son envergure qui impressionne : 2,34 mètres. Lors de son entrée en NBA, les observateurs en avaient été scotchés. Gobert est aussi un monstre d'élasticité qui a réussi à associer à sa grande taille une habileté balle en main et une motricité peu communes. Des qualités cultivées tout jeune, au centre de formation de Cholet. Ses premiers pas sur les parquets, il les a faits en tant qu'ailier, un poste qui requiert plus de courses, de dribbles et de shoots. Qu'est-ce qui pourrait le freiner ? Pas le mental. Ses formateurs soulignent son «intelligence posée», son «perfectionnisme et sa capacité d'adaptation». Ils mentionnent aussi son bac S, qu'il a tenu à passer alors que les recruteurs de la NBA se renseignaient déjà sur le phénomène.

Raquette. A 22 ans, Gobert déborde de confiance. Il fait face avec décontraction à son nouveau statut et aux sollicitations qui vont avec. Dans une interview à des médias français la semaine dernière, il disait envisager d'être All-Star «dans les cinq ans», qu'il ne cracherait pas sur un titre de meilleur défenseur de NBA dès cette année. Et la vie en Bleu ? La possible défection de Joakim Noah pour l'Euro, qui se jouera en partie en France en septembre, lui laisserait une place dans la raquette. Pour une mise en orbite définitive ?