Dimanche à Berlin, un club polonais aura l’occasion de remporter la plus prestigieuse des compétitions de volley, la Ligue des champions : il s’agira du Resovia Rzeszów ou du Skra Belchatów, qui s’affrontent samedi lors de la seconde demi-finale (la première opposant Berlin aux Russes du Zenit Kazan). Une preuve supplémentaire que la Pologne a la haute main sur le volley puisqu’en septembre la sélection des Bialo-Czerwoni («blanc et rouge») devenait championne du monde… avec un sélectionneur français, Stéphane Antiga. Qui décrypte le fonctionnement de ce sport dans le pays qui l’a accueilli.
L’importance du volley
«En Pologne, la culture du volley existe depuis quarante ans. Le football demeure le premier sport, rapport au nombre de spectateurs et aux budgets des clubs, mais les résultats sont moyens, ce qui laisse la place pour un autre sport. Et c'est le volley qui l'occupe puisque les clubs polonais gagnent [huit clubs polonais ont accédé au Final Four en sept ans alors qu'aucun club de foot n'a disputé la demi-finale de la Ligue des champions depuis trente-deux ans, ndlr].»
Le championnat polonais «Il a bénéficié de la crise qui a touché certaines ligues majeures comme l'Espagne, l'Italie ou la Russie : la Pologne, où les budgets sont restés les mêmes, a ainsi pu attirer les meilleurs joueurs. La culture du volley joue aussi un rôle. L'engouement pour la discipline a connu un second souffle suite à la médaille d'argent aux championnats du monde 2006. Les clubs sont très bien structurés. Le titre mondial de septembre a également donné un gros coup de boost. Le public est chaud, passionné. Le Resovia Rzeszów compte 4 500 spectateurs en moyenne par match alors que le Skra Belchatów, lui, déplace le plus de fans et a battu un record en championnat avec 12 000 fans pour un match de saison régulière.»
Le jeu
«Les équipes polonaises sont très fortes en attaque et au contre. Grâce aux joueurs étrangers, il y a moins de fautes de jeu, plus de réflexion, notamment en défense. Beaucoup d’équipes ont progressé. Depuis quinze ans, le sport polonais a changé. Il s’est organisé : la formation, les cadres, les structures ont tiré le niveau vers le haut. 2014 a été la meilleure année depuis longtemps pour le sport polonais, tant dans les sports collectifs (outre le volley, les handballeurs ont disputé une demi-finale mondiale au Qatar) que dans les disciplines individuelles (douze médailles aux championnats d’Europe d’athlétisme dont deux en or).»
Les clubs
«Ils appartiennent à des villes ou à des collectivités territoriales, pas à des propriétaires privés. Ils sont surtout soutenus par des sponsors puissants qui appartiennent au domaine énergétique, des mines de charbon ou de cuivre, des compagnies pétrolières, etc.»
La Ligue des champions
«C'est le Graal dont rêvent toutes les équipes polonaises depuis le succès du Plomien Milowice en 1978. Belchatów a disputé trois Final Four [le mini-tournoi entre les équipes du dernier carré, ndlr] entre 2008 et 2012, sans succès. Les joueurs qui parviendront à remporter cette compétition seront traités comme des héros nationaux dans tout le pays, bien au-delà de leur ville ou de leur région. La fierté de gagner la Ligue des champions gagnera toute la Pologne.
Les Russes de Kazan doivent être considérés comme les favoris de la compétition, mais de peu. En terme de jeu, Resovia et Belchatów se ressemblent. Resovia fait moins de fautes au service, joue aussi bien les bouts de filet qu’au centre du terrain, tandis que Belchatów est une machine au contre.»