Menu
Libération
Profil

Alizé Cornet portée par la foule

La Niçoise jouera pour la première fois les huitièmes de finale à Roland-Garros. A 25 ans, elle assure être sur le point de régler ses problèmes d'inconstance.
Une célébration à la Nadal pour marquer le coup. (Photo Pascal Guyot.AFP)
publié le 29 mai 2015 à 18h04

Une victoire célébrée de façon quasi nadalienne, à plat dos sur le central. Ce n'était pourtant qu'un troisième tour. Mais pour Alizé Cornet, c'était inédit. Jamais lors de ses dix précédentes participations, la Française n'avait réussi à atteindre les 8es de finale. Alors à ceux qui auraient pu trouver un peu too much cette manifestation de joie elle a répondu très posément : «Premièrement, c'était le soulagement d'avoir fini ce match, je n'en pouvais plus de prendre des sacoches contre cette fille imprévisible [la Croate Mirjana Lucic-Baroni]. Je n'ai pas joué mon meilleur tennis, mais j'y suis allée au courage. Ensuite, c'est mon premier huitième de finale en 10 ans à Roland-Garros. Je n'ai pas fait tant de huitièmes que ça dans ma carrière. C'est juste génial sur un Grand Chelem. Cela faisait partie de mes objectifs de cette année. Le troisième aspect est que je n'ai pas eu beaucoup de victoires depuis le début de l'année. Je n'ai caché à personne que j'étais déçue de mon début d'année qui n'était pas à la hauteur de mes attentes. Le faire à Roland-Garros est le meilleur moment. Je suis super fière de moi.»

Comme son adversaire du jour, Mirjan Lucic-Baroni, Alizé Cornet a été une surdouée du tennis : début en Grand Chelem à 15 ans, premier titre à 18, aux portes du Top Ten (n° 11) à 19. Elle n’a pas connu les tourments de la Croate (père violent, dépression, blessures, éclipse, renaissance) ; mais dix ans après qu’elle a perdu contre Amélie Mauresmo pour sa première apparition à Roland-Garros, la Niçoise n’a pas le palmarès qu’on lui promettait : seulement 4 titres et l’inconstance comme trait majeur de sa personnalité, en témoignent ses variations au classement WTA. Cornet peut taper deux fois Serena Williams dans la même saison (2014), et se vautrer contre des adversaires dont elle devrait faire du petit bois.

Vendredi, Alizé Cornet a su canaliser ses émotions : «Oui. J'ai beaucoup travaillé là-dessus parce que je pars de très loin. Parfois, j'ai besoin de ces regains de colère. Cela me met des coups de pied aux fesses. Mais à la fin du match, je savais qu'il fallait que je reste calme, pour penser à ce que j'avais à faire. Maintenant je m'écoute en étant plus positive.» Elle a aussi mobilisé le public : «Il a encore une fois été extraordinaire. Il m'a permis de passer les moments difficiles sur le court. J'en avais besoin aujourd'hui parce que j'ai dépassé mes limites. »

Remarquable de courage et d'abnégation défensive contre Lucic, qui a fait les fautes et les points gagnants, Cornet a failli être rattrapée par ses démons. Au moment de servir pour le match à 5-4 dans la 3e manche, elle salope totalement son jeu, notamment d'une double faute. Lucic-Baroni eût-elle été moins fébrile (une énorme occasion de mener 5-3 dans le dernier set vendangée, une double faute et une horrible faute en coup droit qui offrent le break à Cornet à 5-5), Cornet ne se serait pas roulée par terre. Ou de rage.

Dans une partie de tableau où les têtes ont roulé en série, Cornet affrontera en 8e l'Ukrainienne Svitolina, sa première adversaire mieux classée qu'elle (n° 21, alors qu'Alizé est classée 29e joueuse mondiale). Elle assure avoir fait le plein de confiance : «Une semaine comme ça, ça peut être un déclic pour manque de constance. J'ai prouvé que je peux enchaîner des gros matchs. Gagner ces 3 matches, c'est presque aussi dur que de battre une top 10. Je bosse. Je suis dans la bonne voie.»