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Libération
Au fil de la journée

Présidence de la Fifa : le prince Ali se retire, Blatter réélu

Seul et unique opposant, le Jordanien s'est finalement retiré de la course avant le début du second tour.
Seul opposant de Sepp Blatter, le Prince Ali s'est imposé comme le candidat du renouveau. ((Photo Michael Buholzer. AFP))
publié le 29 mai 2015 à 12h51
(mis à jour le 29 mai 2015 à 19h29)

«Je suis de bonne humeur, c'est normal, j'étais un peu nerveux avant ce Congrès», a déclaré Sepp Blatter, réélu vendredi pour un 5e mandat président de la Fifa à 79 ans, alors que son instance est frappée par une des plus graves crises de son histoire. 

Un peu plus tôt, son seul et unique concurrent, le prince Ali, s'était finalement retiré après une grosse journée de suspens : «Je voudrais vous remercier tous. Cela a été un beau voyage. Merci à ceux qui m'ont suivi. Je me retire».

Aucun des deux candidats en lice pour la présidence de la Fifa n'avait pourtant obtenu les 140 votes nécessaires pour être élu dès le premier tour. Sepp Blatter, l'actuel patron de la Fédération avait récolté 133 voix contre 73 pour Ali. Une première pour le Suisse qui, en quatre présidences, n'avait jamais été en situation de ballottage.

Blatter, en pleine tourmente après les procédures engagées mercredi par les Etats-Unis pour corruption, n'avait pourtant pas suffisamment convaincu malgré ses arguments : «Le football a besoin d'un leader fort, expérimenté, qui connaît toutes les implications.» Le prince Ali, se présentait en revanche comme le candidat du renouveau : «Les yeux du monde sont sur nous, nous devons envoyer un message à ceux qui nous regardent. L'avenir passe par la transparence.» avait déclaré le demi-frère du roi Abdallah II de Jordanie, libérant la voie à un cinquième mandat consécutif de Sepp Blatter.

Lors du vote à Zurich ce vendredi. Photo AFP.

A l'annonce de sa réélection, Sepp Blatter, depuis 40 ans à la Fifa, a chanté brièvement depuis son pupitre l'air d'opérette «Mexico, Mexico». Puis, au détour d'une allocution finale, il a salué les membres de la Confédération d'Océanie, soit 11 fédérations, et qu'il a donc appelé les «Ocean Eleven», (onze en anglais) du nom d'un film célèbre avec George Clooney et Brad Pitt.

Mais Sepp Blatter se réjouit dans un contexte très particulier. La bombe atomique médiatique a explosé mercredi avec les deux procédures judiciaires distinctes diligentées par les justices américaine et suisse, pour corruption présumée à grande échelle, avec arrestations à Zurich de sept élus de l’instance dans un hôtel de luxe, inculpations en rafale et perquisitions de son siège.

À quelques heures du vote, les soutiens au prince Ali s'étaient multipliés. Après une partie de l’Europe et les États-Unis, la Nouvelle-Zélande avait annoncé, à son tour, qu’elle voterait pour le prince jordanien.

Les appels à la démission de Blatter fusaient depuis mercredi. Présent aux côtés d'Angela Merkel à Berlin, le Premier ministre britannique David Cameron avait appelé au départ de l'actuel Président de la Fifa : «À mon avis, il devrait partir. Vous ne pouvez pas avoir des accusations de corruption à ce niveau et à cette échelle dans cette organisation et prétendre que la personne qui la conduit en ce moment est la bonne personne pour la faire avancer». 

Selon le journal britannique le Telegraphle Président de la Fédération Anglaise (FA) Greg Dyke avait même déclaré envisager un boycott de la Coupe du monde si Sepp Blatter était réélu.

 La conférence de presse reportée

Dès 9 heures ce vendredi, des manifestations ont également perturbé l’ouverture du congrès à Zurich. Deux manifestantes propalestiniennes qui brandissaient un drapeau et appelaient à exclure Israël se sont introduites dans la salle où se tient la cérémonie − outre l’élection, le congrès doit se prononcer sur une résolution déposée par la Palestine demandant de suspendre la Fédération israélienne, coupable selon elle de complicité avec les agissements des autorités israéliennes liés à l’occupation des Territoires palestiniens. Les manifestantes ont été exclues par le service d’ordre.

Lors de son intervention, Jibril Rajoub, Président de la Fédération palestinienne, a finalement annoncé qu'il retirait sa demande de suspension d'Israël. Son homologue Israélien l'a succédé à la tribune en déclarant : «Je suis heureux de ce retrait de demande de suspension. Le foot doit être un pont vers la paix. Laissons la politique aux politiciens». Après le vote en faveur de l'amendement Palestinien, les deux responsables se sont finalement serrés la main.

Puis, pendant la pause de midi, une alerte à la bombe a été signalée dans la salle du congrès après un coup de téléphone anonyme. Le secrétaire général de la FIFA Jérôme Valcke a relancé le Congrès quelques minutes après.

Sur Twitter, un journaliste de CNN a parfaitement illustré la tourmente que traverse depuis mercredi la Fifa en postant l’organigramme des instances dirigeantes de la Fédération, sur lequel on peut voir les photos des sept dirigeants arrêtés.

Preuve également que le congrès s'est ouvert dans un contexte explosif pour les organisateurs, la conférence de presse prévue à l'issue de la journée avec le président élu a été reportée à samedi matin. «Étant donné la longueur de l'agenda de ce jour (vendredi) et la tenue samedi d'un comité exécutif, la conférence de presse post-Congrès aura lieu samedi à 11h30 au siège de la Fifa, et il n'y aura donc pas de conférence de presse ce jour (vendredi)», a indiqué l'instance dans un communiqué.

La Fifa a enregistré un bénéfice de 308 millions d'euros sur la période 2011-2014 pour un chiffre d'affaires de 5,2 milliards d'euros, grâce en grande partie aux revenus du Mondial 2014 au Brésil, selon les chiffres annoncés en mars et approuvés ce matin. «Le cycle 2011/2014 s'est achevé sur un succès non seulement sportif avec le Mondial au Brésil mais aussi financier», s'est félicité le vice-président de la Fifa Issa Hayatou, «ce qui a permis de faire passer les réserves de la Fifa à 1,5 milliard de dollars [1,36 milliards d'euros]».