«N'oublie pas qu'il joue en pyjama», a lancé vendredi un spectateur à Jo-Wilfried Tsonga alors que ce dernier était en grande difficulté face à Stan Wawrinka, au deuxième set de leur demi-finale de Roland-Garros finalement remportée par le Suisse (6-3, 7-6, 7-6, 6-4). Une allusion au short à carreau qu'arbore le joueur cette saison, qui évoque plus la tenue d'une nuit d'été caniculaire que le vêtement supportant les attributs que tout joueur candidat à une qualification pour la finale de Roland-Garros est censé posséder, selon la pensée dominante au Bar des Sports. Stanislas Wawrinka joue donc avec une tenue dont on se demande comment elle a pu échapper à la police de la mode et qui justifierait un procès intenté à son équipementier.
«Tout ou rien»
Mais après tout, colle-t-elle bien à ce joueur, sorti il y un an et demi d'une longue phase de sommeil dans l'ombre de Roger Federer à la faveur de sa victoire à l'Open d'Australie et qui disputera dimanche sa première finale à Roland-Garros. Et semble se complaire depuis à alterner les phases d'éveil puis d'endormissement. «Depuis qu'il a gagné l'Open d'Australie, c'est tout ou rien», analysait dans l'Equipe de vendredi l'ancien joueur suisse Marc Rosset. Un phénomène dont il nous a gratifiés vendredi pendant son match contre Tsonga : départ en trombe, pause, redémarrage. Stanislas Wawrinka a perdu le deuxième set qu'il aurait dû gagner, gagné le troisième qu'il aurait dû perdre et su profiter de la baisse de concentration de Tsonga au début du 4e en lui subtilisant son jeu de service pour un break qui s'avérera décisif. Tsonga confirmera la thèse de l'endormissement du Suisse en milieu de deuxième set : «Je n'ai pas eu le sentiment de hausser mon niveau de jeu, c'est lui qui s'est mis à commettre des fautes.»
Au début de Roland-Garros, Stanislas Wawrinka était un casse-tête pour les pronostiqueurs. Serait-il le Stanimal sauvage du début et de la fin de l’an dernier (victoire en Australie en février, patron de l’équipe Suisse victorieuse en Coupe Davis), le Stanimal blessé, de la fin de l’hiver et du début du printemps, infichu d’enquiller trois victoires consécutives, perturbé par une rupture matrimoniale qui s’étale sur la place publique. Le sujet le poursuivra jusqu’au début de la quinzaine et la parution sur le site officiel du tournoi d’un article lui prêtant une liaison avec une jeune joueuse. Il faut croire qu’il y a trouvé matière à motivation. Ses coups lourds et profonds, son revers qui le dispute en pureté à celui de Gasquet, ne l’avaient jamais porté au-delà des quarts de finale à Roland-Garros. Ces quinze derniers jours, il a avancé en mode brise-glace (n’est-ce pas Federer, concassé en 3 sets en quart de finale). Un pur réveil.