Menu
Libération
Avant-match

Tsonga a du Suisse dans les idées

Roland-Garros 2024dossier
En paix avec lui-même et avec le public, le Français affronte Wawrinka pour une place en finale de Roland-Garros.
Jo-Wilfried Tsonga après sa qualification pour les demi-finales de Roland-Garros, le 2 juin 2015 à Paris. (Photo Pascal Guyot. AFP)
publié le 5 juin 2015 à 8h13

Jo-Wilfried Tsonga affrontera cet après-midi le Suisse Stanislas Wawrinka pour une place en finale du tournoi de Roland-Garros, quête éternelle d’un tennisman français – Mary Pierce l’a fait chez les femmes en 2000 – depuis le sacre de Yannick Noah. Compte tenu de l’habileté du tennisman-chanteur pour occuper depuis le champ médiatique et expliquer que tous ceux qui lui ont succédé sont des Mickey, la question est à chaque fois la suivante quand un tricolore intègre le dernier carré : est-ce que celui-là – Richard Gasquet tantôt, Gaël Monfils ensuite, Tsonga aujourd’hui – a le profil de l’emmerdeur en chef sur des décennies ou est-ce qu’à l’inverse, le fait qu’il se saisisse du mistigri et qu’il en use sera agréable à vivre ?

Depuis quelques jours, on a plutôt confiance. Mardi, après son succès face au Japonais Kei Nishikori, Tsonga faisait plaisir à voir. Transparent, soulignant ses propres faiblesses pour s’en amuser (le revers, alors que l’assemblée l’avait trouvé particulièrement costaud sur ce coup précis) et trouvant des accents de vérité pour inviter l’assistance à partager sa vie de joueur de tennis de très haut niveau.

Lucratives exhibitions

Sur les trous d'air du joueur – lui ou un autre – en plein match : «Il y a toujours des fois où on perd le fil. Tous les joueurs. L'important est simplement de savoir combien de temps tu le perds.» Sur les derniers tours : «Quand tu atteins les quarts de finale, les demi-finales, tous les joueurs ont un excellent niveau. Et très peu de faiblesses. La seule chose à faire, c'est de se battre, de se mettre dans la lutte et de se concentrer sur ce que toi tu fais de bien plutôt que de se fixer sur le mec en face.»

Sur les critiques le concernant après son forfait en finale de Coupe Davis suivi de lucratives exhibitions en Asie du sud-est : «Tu es critiqué ou encensé [personnellement] en fonction de tes résultats sur le court. En demi-finale de Roland-Garros, c'est comme si tu avais gagné le tournoi… Par rapport aux derniers épisodes, je prends beaucoup de recul. Tout ce que je fais, c'est pour moi. C'est, entre guillemets, mon rêve à moi. Pas celui des autres.»

Frasques matrimoniales

La petite pointe de défi ou de provocation qu'on repérait tantôt chez lui avait totalement déserté le gaillard. Comme ça, on a eu l'impression d'un joueur au clair avec lui-même, c'est-à-dire dangereux. En parlant de ça, son adversaire du jour a souffert en tout début de tournoi à l'occasion du «Wawrinkagate», un papier écrit par un journaliste suisse (et publié sur le site officiel du tournoi !) mettant en corrélation les frasques matrimoniales du joueur et ses résultats, lui prêtant par-dessus le marché une affaire avec une joueuse du circuit.

Wawrinka l’a très mal pris : une vie à essayer d’exister dans l’ombre de son compatriote Roger Federer et voilà son image torpillée dans l’esprit de l’Helvète de la rue. Journalistiquement, pourtant, le cas est passionnant. Sur le circuit quarante semaines par an, les joueurs sont souvent contraints d’emmener avec eux femmes et enfants et ils n’ont aucune raison de les cacher. Aux premières loges, les médias remarquent parfois des choses ou situations expliquant le rendement du joueur sur le court : en parler ou pas ? Et comment ?