Maxime Vachier-Lagrave a sept minutes d’avance. Il traîne deux grosses valises, presque aussi hautes que son mètre soixante-dix. A 24 ans, il passe la moitié de sa vie en l’air. Dix jours de tournoi en Sibérie occidentale, un championnat de France au Grau-du-Roi, deux jours de parties rapides en Espagne. Le meilleur joueur d’échecs français a des cernes sous les yeux, l’air las et une montre réglée sur le fuseau horaire moscovite.
13 heures. Il commande un mojito qu'il sirotera à la paille pendant les deux heures d'entretien. «Ça fait longtemps qu'on a passé le stade de la veste en tweed et de la pipe en bois.» Il sourit, ironique. «J'avais envie d'un cocktail.» Maxime VachierLagrave est de ces génies qu'on ne soupçonne pas. Impossible de deviner qu'il calcule à une vitesse prodigieuse. Ou que sa mémoire est un puits sans fond. Pourtant, MVL (surnom qui évite aux joueurs étrangers de se vautrer à la prononciation) fait partie du gratin de l'échiquier. Cette année, il participe au Grand Chess Tour, circuit qui réunit les dix meilleurs mondiaux sur trois épreuves pour un million de dollars à la clé. La première manche de l'événement, chapeauté par le légendaire Garry Kasparov, se déroule à Oslo, du 15 au 26 juin. Un tournoi dans des hôtels de luxe scandinaves où la présence de cerveaux rodés aux joutes cérébrales nourrit les fantasmes. Mais l'atmosphère est banale. «Les échecs, c'est comme tous les sports de haut niveau. Il faut être en super for