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Laurent Bourgnon, un marin «surf et skate» porté disparu

Le navigateur, double vainqueur de la Route du rhum, est porté disparu après une plongée en Polynésie.
Le navigateur Laurent Bourgnon le 3 janvier 2008 à Lisbonne (Photo Frederick Florin. AFP)
publié le 25 juin 2015 à 10h55

Les marins ne devraient jamais tenter de descendre sous la surface des flots qu'ils dominent si bien. Porté disparu au cours d'une plongée aux Tuamotou (Polynésie française), Laurent Bourgnon était pourtant l'un des skippers les mieux adaptés qui soit à l'univers maritime, l'un de ces capitaines un peu mutants qui savent entrer en symbiose avec les éléments. A se demander parfois si ce grand gaillard aux cheveux bouclés, placide et rêveur, n'était pas le cousin des dauphins rieurs. Bourgnon avait développé ce sixième sens qui en faisait un ondoyant capable d'entrer dans des zones de conscience inexplorées.

Comme beaucoup de marins nés dans les années 60, Bourgnon a appris l’océan en partant tout jeune avec ses parents en croisière autour du globe, comme un apprentissage de grandes vacances permanentes. Ensuite, il n’a cessé de tenter le diable, avec un sens de la glisse qui en faisait le grand frère de la génération surf et skate.

Il a commencé par traverser l’Atlantique en Hobie Cat, un catamaran de plage. Son jeune frère Yvan qui l’a suivi dans ses pérégrinations, avec un sens de la provocation encore plus affirmé, vient d’ailleurs d’achever un tour du monde sur ce même genre de tout petit engin.

Fort de ces expériences exagérées dont il ne faisait jamais un récit héroïsé, Bourgnon est revenu à une compétition plus classique. Il a remporté la solitaire du Figaro avant de dominer les transats dans les années 90. Ses succès sur la route du Rhum en 1994 et en 1998, l’ont placé très haut sur l’échelle de la reconnaissance par le milieu nautique, mais ne l’ont pas installé au firmament de la notoriété grand public. Ce n’est pas une rock star à la Florence Arthaud, ni un généraliste de la voile et un communicant ultra-rapide à la Loick Peyron.

Surtout, Bourgnon a lâché l’affaire dans les années 2000 et est parti naviguer en famille à dans le Pacifique, menant de grands bateaux de propriétaires pour remplir les caisses du bord et pouvoir vivre tranquille entre les îles.