La petite musique chafouine risque de monter au cours des prochains jours. Après s'être cogné le vent, la pluie et le sable le long de la mer du Nord ce dimanche, les coureurs du Tour de France fréquenteront les étroites routes ardennaises lundi, les pavés du Nord mardi et les falaises haut-normandes jeudi. Un menu trop exigeant pour Marc Madiot, le manageur de l'équipe FDJ : «Nous, les responsables d'équipes, on ne s'amuse pas du tout pendant une semaine comme celle-là. Et je pense que les coureurs non plus. On est aux limites, c'est hyper dangereux.»
Et le schtroumpf grognon de lancer aux journalistes : «Faites gaffe !» Un avertissement qui vaut aussi pour les organisateurs d'ASO, soucieux d'épicer une première semaine de course souvent lénifiante par le passé. On rappelle tout de même que Madiot, double vainqueur de Paris-Roubaix, voue une admiration aux classiques du nord, aux courses «à l'ancienne», parfois disputées dans des conditions dantesques. Mais le Tour, épreuve la plus importante de l'année en terme de retombées économiques et médiatiques, est devenu un enjeu majeur pour la FDJ, après la troisième place de son leader Thibaut Pinot l'an passé, ce qui explique le grand écart de Madiot. Car Pinot a laissé du temps dans l'étape à grand spectacle des polders néerlandais : une minute et 28 secondes abandonnées à Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) et Christopher Froome (Sky). Même tarif pour Péraud et Bardet (AG2R), Quintana et Valverde (Movistar) ou encore Nibali (Astana).
«Les gars font tous un peu la gueule, c’est normal»
Autre problème, la météo, passée de 35°C samedi lors du contre-la-montre inaugural, à moins de 20°C dimanche. «Les coureurs n'ont pas eu le temps d'avoir froid», se rassure Vincent Lavenu, patron de la formation AG2R. Ses ouailles aussi ont été éparpillées. Romain Bardet, les cheveux ensablés, met ça sur le compte de la malchance : «Je suis bien placé, mais ça chute devant moi. Après, on avait l'impression de rouler assez fort, mais on voyait avec l'ardoisier que le groupe devant continuait à nous prendre du temps.» Il n'est même pas rassuré par le fait que d'autres leaders aient aussi perdu du temps. «Il ne faut pas raisonner comme ça quand tu veux être devant au classement général», lâche, assez énervé, le sixième du Tour 2014.
«Les gars font tous un peu la gueule, c'est normal», réplique Vincent «positif» Lavenu. «Quand on a vu que les organisateurs avaient choisi de faire le grand départ en Hollande, on se doutait bien que ça n'allait pas être de toute tranquillité. Aujourd'hui, il y avait une belle histoire à raconter, mais elle n'était pas pour nous.»
D’autres se sont régalés, notamment les équipes à gros budget et/ou à longue tradition des courses du Nord (Sky, Ettix, BMC, Tinkoff-Saxo). Cela a souri au Suisse Fabian Cancellara, privé du maillot jaune samedi pour six secondes, et qui l’a récupéré aux dépends de l’Australien Rohan Dennis. Quant au vainqueur du jour, il s’appelle Andre Greipel, homme répondant au doux surnom du «Gorille de Rostock».