Ça y est, le premier tweet-clash du Tour de France est arrivé. Quasi tous les coureurs ou managers se réjouissaient que la troisième étape soit neutralisée après deux chutes, ce lundi, entre Anvers et Huy (Belgique). Quatre concurrents ont terminé dans l'ambulance, quelques autres, blessés, ne sont pas certains de repartir mardi matin… Mais voilà, Patrick Lefevere est furax. Le manager du Team Etixx-Quick Step se lâche sur Twitter : «Etrange comportement d'ASO (la société qui organise le Tour)… Qui est le président (des commissaires) UCI ? #tourdefrance».
Une aigreur étalée dans le feu de l’action, sans doute parce que le manageur se souvient de l’incident de Spa, sur le Tour de France 2010. Ce jour-là, ASO avait forcé la main des commissaires UCI pour neutraliser le sprint d’arrivée, en raison de la chute d’Andy Schleck notamment. Fait inconnu : l’UCI, choquée, avait brièvement envisagé de traduire le directeur des compétitions devant sa commission de discipline.
«Reste à la maison, mec !»
Cette fois, «la décision a été prise conjointement par Thierry Gouvenou (directeur de l'épreuve pour ASO) et Guy Dobbelaere (président des commissaires UCI)», se défend Christian Prudhomme, le directeur du Tour, répondant aux journalistes à l'issue d'une journée mouvementée.
Mais Pat Lefevere poursuit sa saillie à travers deux autres tweets : «Pour être clair, je déteste les chutes mais c'est vraiment un président (des commissaires) dangereux.» «Encore (un coup de) Guy Dobbleare, président (des commissaires) UCI sur le Giro l'an dernier. Reste à la maison, mec !» Une attaque personnelle en forme de réglement de comptes : le Belge dirigeait les arbitres sur le Tour d'Italie 2014, lors de la fameuse étape du Stelvio, disputée dans la neige. Ce jour-là, le peloton ne savait plus s'il était autorisé à repartir ou s'il devait encore attendre l'ordre de faire sa course. Nairo Quintana avait choisi de passer à l'offensive et il avait remporté ainsi le classement général final. Au détriment de Rigoberto Uran, coureur managé par Lefevere.
En tout cas, le patron de Mark Cavendish menace : «Je m'en souviendrai. Lors de chaque chute, nous allons attendre.» Il est vrai que la décision de neutraliser l'étape aujourd'hui pourrait faire jurisprudence. Pourquoi pas dès demain, sur la traversée des pavés du Nord, généralement propice aux chutes ? Prudhomme évacue : «Nous avons pris une décision exceptionnelle en raison des conditions exceptionnelles.» Pendant que Patrick Lefevere mène son clash-tweet en solo, pas question pour ASO de répondre par le même canal. Prudhomme n'a pas de compte officiel, pas plus que Marie-Odile Amaury, la PDG du groupe Amaury… «Les réseaux sociaux, on en fait ce qu'on en veut», balaie le directeur du Tour de France.