Novak Djokovic n'est jamais aussi dangereux que lorsqu'il est blessé. Dans son orgueil en tout cas. À la question de savoir si le n°1 mondial serait totalement remis de sa défaite en finale de Roland-Garros il y a quelques semaines, seul tournoi du Grand Chelem qui continue de se refuser obstinément à lui, l'intéressé a répondu avec conviction ce dimanche sur le Centre Court de Wimbledon. Et avec la manière. Oui, «Nole» s'est remis et oui, «Nole» a retrouvé le mojo qui lui a permis cette année d'atteindre huit finales dans les neuf tournois qu'il a disputés. Et surtout de remporter deux des plus importantes, à Melbourne, en janvier, puis dans la banlieue sud-ouest de la capitale britannique.
Dans le remake de la finale de l'année passée, qu'il avait déjà gagnée, le Serbe de 28 ans a fait mal à Roger Federer, très mal même (7-6, 6-7, 6-4, 6-3 en 2h55). Le Suisse, qui ne parvient toujours pas à s'offrir le 18e titre du Grand Chelem que lui et tous les amoureux de la légende tennistique appellent de leurs vœux, a pour la première fois du tournoi fait ses (presque) 34 ans. Il n'était clairement pas aussi en jambes et en bras - 67% de premières balles seulement- que lors de ses précédents matches. À l'inverse de Novak Djokovic, bien plus à l'aise que lors de sa demie contre Richard Gasquet, vendredi. Après une dernière accélération de coup droit supersonique, le Serbe a levé les bras, est venu au filet serrer la main de sa victime du jour avant de cueillir un morceau de gazon du Centre Court et de le porter à sa bouche. «Cette année l'herbe a très bon goût, a plaisanté le n°1 mondial. Quand j'étais enfant, je rêvais de gagner ici et de faire un truc fou pour célébrer la victoire, du coup, je fais ça à chaque fois maintenant.»
Federer : «Il a été solide comme un roc»
Plus sérieusement : pour ce qui est du tennis aussi, le Serbe a été une fine bouche en ce jour de finale. «Quand il a fallu être là, c'est Novak Djokovic qui a su répondre avec les coups adéquats, a ainsi analysé Tim Henman, l'ancien spécialiste du service-volée au service de sa Majesté. Roger a réussi un magnifique tournoi mais dans cette finale, il n'est pas parvenu à aussi bien jouer que ce qu'il avait fait pendant la quinzaine.» Les anciens rois du gazon londonien sont unanimes. «Novak a su profiter de cette troisième semaine de plus cette année entre Roland-Garros et Wimbledon pour oublier sa déception à Paris, a de son côté souligné avec beaucoup de justesse Andy Roddick, trois finales perdues sur le gazon londonien (2004, 2005, 2009), face à un certain Federer. Il a super bien servi et super bien retourné. Et puis, il s'est bien remis après la perte du deuxième set alors qu'on a bien vu sa frustration, il s'est même frappé les pieds avec sa raquette! Il s'est remis dans sa routine et sa bulle. Chapeau!»
Même Roger Federer, déçu mais pas effondré, n'a pu que constater la supériorité de Nole. «Novak a super bien joué aujourd'hui», a déclaré sur le court le Suisse, avant d'ajouter avec malice: «Mais aussi toute la quinzaine, et puis aussi depuis le début d'année, et puis également l'année dernière, et celle d'avant! J'ai eu beaucoup de réussite dans le deuxième set, je n'ai pas mal joué non plus mais lui a été solide comme un roc.» Et, mine de rien, Djokovic a d'ores et déjà dépassé Andre Agassi, Jimmy Connors ou Ivan Lendl, dont le compteur est resté bloqué à huit titres du Grand Chelem. Il y a fort à parier que «Nole», l'affamé de victoires, n'en restera pas là.