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Histoire

Un «hooligan» anglais condamné pour attaque au requin gonflable

Lors d'un match de cinquième division, un fan de Grimsby Town, un club du nord-ouest de l'Angleterre, avait «attaqué» un stadier en février. Il a été condamné lundi.
Les fans de Grimsby Town, en février. (Capture d'écran)
publié le 14 juillet 2015 à 14h10

Le hooliganisme continue de sévir en Angleterre. Mais puisque les policiers abondent dans les stades des deux premières divisions, les malotrus se rabattent sur les niveaux inférieurs. Au cinquième échelon, par exemple, Kenneth Meech avait sombré, le 21 février, dans la violence lors du match de son équipe, Grimsby Town, qui se déplaçait à Barnet. A l’issue de la rencontre, il a été arrêté et interdit de présence dans les stades de Grimsby Town et Cleethropes, la ville natale de Meech, deux cités de la côte ouest de l’Angleterre, à 190 kilomètres de Manchester. Lundi, il a été, en toute logique, durement châtié.

Il faut dire que les faits sont implacables. L'histoire commence deux semaines avant les faits, dans le stade de Forest Green Rovers. Un autre «hooligan» de Grimsby Town, Bryan, avait été viré du stade pour avoir introduit… un ballon gonflable. Bien décidés à répondre sur le ton de la plaisanterie, que le tribunal a jugé douteuse, d'autres fans de Grimsby Town ont fait une «action» lors du déplacement suivant. «Plusieurs supporteurs ont dit "Allons ensemble [au match] et soutenons Bryan" en apportant le plus d'objets gonflables possibles à Barnet, raconte Meech. Et c'est ce que nous avons fait. Car nous avons un bon sens de l'humour.»

Mal lui en a pris. Alors que son équipe marquait le but de la victoire (3-1) dans le temps additionnel, cet ouvrier en métallurgie de 50 ans a brandi un requin gonflable et aurait assené des coups avec cet objet sur un stadier, Cgagi Gladying, bloqué au niveau des grilles alors que les fans se ruaient en direction du terrain. Gladying, 59 ans, a raconté à la cour avoir été «terrifié» par cette attaque : «J'ai senti trois coups sur l'arrière de mon crâne et la nuque, de ce que j'ai cru être papier enroulé. Mon esprit ne savait plus quoi penser, j'étais juste terrifié. C'était seulement mon deuxième match.»

«Nous étions dans l’extase»

La scène semble plus proche de Benny Hill ou d'un Charlie Chaplin. Mais le procureur avait une tout autre analyse : «Kenneth Meech a utilisé [ce requin gonflable] comme une arme.» L'accusé a, lui, une vision bien différente : «Nous sautions partout, nous étions dans l'extase et excités après le but de la victoire. C'était l'euphorie. Nous nous sommes tous beaucoup amusés pendant tout le match. Tout le monde a pris du plaisir.»

Malgré tout, la cour n'a pas été sensible à l'humour de ce soft hooligan : Kenneth Meech a été déclaré coupable d'avoir frappé un steward avec un requin gonflable. Et la sanction est moins comique que l'histoire : douze mois de sursis avec mise à l'épreuve, 100 pounds (140 euros) de dommages et intérêts pour le steward, 700 pounds (1 000 euros) à payer au tribunal et 70 pounds (100 euros) de suramende compensatoire. Le tribunal ne dit pas s'il est toujours interdit de stade.

Douze mois avec sursis pour un requin gonfable : l’affaire montre à quel point les autorités anglaises - et cela s’applique aussi à la France - ont tendance à réagir avec un peu trop de vigueur dès qu’ils sont confrontés au moindre écart dans un stade de football - quitte à tomber dans l’absurde.

Requin ou pas requin, le karma semble avoir choisi son camp. Alors que l’équipe de Barnet est montée à l’étage supérieur, Grimsby Town a perdu contre Bristol Rovers aux tirs au but lors des barrages… Et doit donc rester une saison de plus en cinquième division.

Vidéo : les fans de Grimsby en action lors du match contre Barnet