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Libération
Billet

La lutte antidopage fait partie de l’épopée

publié le 15 juillet 2015 à 18h46

Dans ce sport, au fond sans morale sportive, où tout est trouble et indécis, la perplexité est la seule morale journalistique. Le cyclisme sacralise le champion mais le péché originel est là : la dope. Le cyclisme est le sport le plus beau, le plus con à la fois, mais aussi le plus vivant et le plus faux. En fait comme l’art moderne, qui a toujours été rattrapé par la loi du marché, le cyclisme est toujours à un moment, lui, rattrapé par le scandale. Suivre le cyclisme, et plus particulièrement le feuilleton de juillet, c’est grimper des collines de mensonges et dévaler les sommets de la supercherie en se félicitant du scabreux et du surnaturel qui nourrissent chaque jour la chronique.

La lutte antidopage est nécessaire et elle progresse ; pourtant, les vitesses des meilleurs n’ont pas chuté comme on pouvait naïvement le supposer. Les contrôles antidopage rendent-ils ce sport plus égalitaire ? En mâchant la question dix-huit ans chaque mois de juillet, il en est toujours sorti un jus noir. Ecrire sur le vélo, c’est exercer un magistère pseudo-scientifique à base de calculs pataphysiciens et de formules latines piquées sur les bocaux des pharmaciens. Lesquels bocaux ont rendu ce sport transitoire, car les résultats sont susceptibles d’être annulés a posteriori, et aussi éternel dans ce qu’il représente : souffrances terribles et réclames pour le camembert industriel au lait cru. C’est parce que le cyclisme est le sport de toutes les contradictions et du déraisonnable qu’il nous laisse déconcertés et admiratifs. Ecrire sur le vélo, c’est accepter le fondement du récit, l’épopée, et immédiatement s’en méfier.