La réouverture, ce lundi, des ambassades respectives des Etats-Unis et de Cuba va peut-être faciliter les déplacements des habitants de l’île vers leur grand voisin, mais certains sportifs cubains n’ont pas la patience d’attendre. Ces derniers mois, plusieurs d’entre eux ont profité de compétitions à l’étranger pour fausser compagnie à leur délégation. Derniers en date : quatre footballeurs qui participaient à la Gold Cup, compétition qui oppose les sélections de la zone Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes).
Samedi à Baltimore, un quart de finale mettait aux prises Cuba et les Etats-Unis, mais quatre joueurs cubains étaient notés «absents» sur la feuille de match. Dont la vedette de l'équipe, Ariel Martinez, 40 capes et 9 buts inscrits sous le maillot national. Après la lourde défaite, 6-0, le sélectionneur cubain s'est fâché lors de la conférence de presse : toutes les questions des journalistes portaient sur les défections. «Ceux qui sont partis ne représentent rien. Ils ont choisi leur chemin. Ils ne m'intéressent pas», a tranché Raul Gonzalez Triana.
Les désertions de sportifs sont un vieux classique à Cuba, et rares sont les compétitions à avoir été épargnées. Lors des Jeux panaméricains du mois dernier à Toronto (Canada), quatre membres de l’équipe d’aviron et deux plongeurs n’ont pas pris le vol de retour pour La Havane.
Si une telle information a peu d’écho sur l’île, où ces disciplines, comme le football, restent minoritaires, il n’en va pas de même pour la boxe ou le base-ball, priorités nationales où les désertions sont très mal vécues par le régime des frères Castro. Deux actuels champions du monde de boxe sont des transfuges cubains : Guillermo Rigondeaux (ancien champion olympique) en poids coqs, et Erislandy Lara, en super-welters.
Base-ball et pactole
Mais ce sont les joueurs de base-ball qui font l’objet de toutes les convoitises. Deux d’entre eux ont abandonné leur sélection fin juin, à l’occasion d’un match en Caroline du Nord. Payés quelques dizaines de dollars par mois dans leur pays, où le sport professionnel n’existe pas, ils peuvent prétendre à des pactoles aux Etats-Unis, voire au Japon. Quelques exemples : en 2012, Yasiel Puig signait un contrat de sept ans avec les Dodgers de Los Angeles pour 42 millions de dollars (39 millions d’euros). Un an plus tard, José Abreu s’engageait auprès des White Sox de Chicago pour six ans et 68 millions de dollars (62,5 millions d’euros).
Aux Etats-Unis, les Cubains se voient accorder automatiquement l’asile politique, et au bout d’un an de séjour une carte de résident, comme le prévoit la «loi d’ajustement cubain» de 1966. A Cuba, ces défections sont dénoncées par les autorités comme des actes de trahison. Le régime socialiste utilise le sport comme outil de propagande et investit d’importants moyens dans la détection et la formation des futurs athlètes.