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Football européen : les étonnants promus du cru 2015-2016

Le Gazélec Ajaccio dispute samedi le tout premier match en Ligue 1 de son histoire. Le club corse n'est pas seul : en Angleterre, en Italie, au Portugal et en Allemagne aussi, on trouve cet été des promus néophytes.
Les joueurs du Gazélec Ajaccio à l'entraînement, dans leur stade Ange Casanova. (Photo : Pascal Pochard. AFP)
publié le 5 août 2015 à 13h08

Samedi, à 21 heures, le Gazélec Ajaccio va disputer à Troyes la première rencontre de son histoire en Ligue 1. La première division française de football n’avait plus reçu de nouveau venu depuis Dijon, qui n’était resté qu’un an dans l’élite en 2011-2012, comme d’ailleurs beaucoup de néophytes de ce siècle (Istres 2004-2005, Boulogne-sur-Mer 2009-2010, Arles-Avignon 2010-2011). Pourtant, cet été, le club corse n’est pas une exception à l’échelle européenne. C’est l’une des curiosités de la saison 2015-2016 de football qui s’annonce : presque tous les grands championnats européens voient arriver un club qui n’avait jusqu’ici jamais connu les honneurs de l’élite.

Ce même samedi, un peu plus tôt (16 heures), Bournemouth étrennera ainsi sa première saison en Premier League, le prestigieux championnat anglais, face à Aston Villa. Le week-end prochain, c'est Tondela qui fera ses grands débuts face au Sporting, au Portugal, tandis qu'Ingolstadt découvrira la Bundesliga (Allemagne) sur la pelouse de Mayence. Enfin, fin août, la Serie A italienne accueillera deux newbies : Carpi et Frosinone. Seule l'Espagne échappe à cette vague inédite de renouvellement.

Ce qui a mené ces clubs jusqu'à la plus haute division varie beaucoup d'un pays à l'autre. Le Gazélec Ajaccio, petit club souvent resté dans l'ombre de son voisin l'AC Ajaccio, a ainsi gravi un à un les échelons vers la Ligue 1 à partir des divisions amateurs, où il était retombé il y a une quinzaine d'années après s'être vu refuser l'accès à la deuxième division, en 1999, pour une sombre histoire de règlement(1). En Allemagne, c'est la manne financière d'Audi, dont le siège est basé dans la prospère Ingolstad, qui a permis au club bavarois, né d'une fusion en 2004, de rapidement franchir toutes les étapes jusqu'à la Bundesliga.

Pas grand-chose ne rassemble ces deux destins… En revanche, tous ces promus néophytes ont un point commun : ils évoluent dans des villes de taille réduite, en tout cas à l’échelle de leur championnat.

Avec environ 66 000 habitants, Ajaccio est plus peuplé que d’autres villes comptant un club en Ligue 1, comme Guingamp ou Bastia. Mais la cité corse reste très loin de la moyenne des villes de l’élite française (325 000 habitants). Tondela, au Portugal, ou Frosinone, en Italie, sont aussi de petites villes. C’est moins le cas de Bournemouth, qui tutoie les 200 000 habitants. Mais ce port du sud de l’Angleterre est très en dessous des standards des villes de Premier League, où la moyenne est de 875 500 habitants (et encore, on n’a compté Londres qu’une fois malgré ses cinq clubs).

Autre point commun, somme toute assez logique : tous ces clubs évoluent dans un des stades aux dimensions modestes, voire très réduites.

Logique, parce que l’attrait d’un club, et donc sa capacité à remplir des tribunes, grandit en même temps que sa compétitivité sportive - et baisse en même temps, même s’il y a des contre-exemples, comme Strasbourg aujourd’hui (plus de 10 000 spectateurs de moyenne la saison dernière en National, troisième division) ou Saint-Etienne hier. Avec 21 000 places, Carpi possède le plus grand stade des six néophytes ici présentés et, pourtant, le club italien serait à peine à la moyenne des clubs… de première division portugaise. Les 5 000 places du stade Ange Casanova en font la plus petite enceinte de Ligue 1. Et encore : c’est presque le double par rapport à la saison dernière, grâce à des travaux accomplis cet été.

C’est d’ailleurs la logique suivie par la plupart de ces clubs, qui aspirent à agrandir leurs tribunes, afin d’accueillir davantage de supporteurs. Si Inglstadt a investi il y a déjà cinq ans dans une enceinte de presque 16 000 places, on envisage par exemple à Bournemouth de mettre sur pied un nouvel écrin, si le club venait à s’installer petit à petit en Premier League. Un pari qui s’est souvent avéré risqué ces dernières années, en France du moins. Construit dans la foulée de l’accession à la Ligue 1 en 2004, le stade Parsemain et ses 17 000 places étaient bien grand, l’an dernier, pour voir Istres terminer avant-dernier de National. Le club provençal ayant été relégué loin dans les divisions amateurs (DHR, la septième division), l’enceinte pourrait bien se retrouver sans résident, à l’instar de la MMArena, un stade de 25 000 places construit par Le Mans lorsque le club était en Ligue 1, inauguré lorsqu’il était redescendu en Ligue 2, vide depuis qu’il a été mis en liquidation judiciaire…

(1) En 1998-1999, le Gazélec Ajaccio termine troisième de National (troisième division), ce qui lui offre une place en D2. Mais la Ligue nationale de football lui en refuse l'accès, s'appuyant sur un point de règlement (supprimé peu après) qui interdit à une ville de moins de 100 000 habitants d'avoir deux clubs professionnels évoluant dans la même division. Le Gazélec est donc obligé de laisser l'AC Ajaccio seule en D2 et repart en National. Deux ans plus tard, le club est rétrogradé en CFA (championnat de France amateur, quatrième division) en raison de problèmes financiers.