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Libération

«Il y a une natation française à deux vitesses»

publié le 9 août 2015 à 19h56

Six médailles, dont quatre titres, le dernier pour Camille Lacourt, dimanche, sur 50 m dos : le bilan français des Mondiaux de natation 2015 est moins bon qu'il y a deux ans. Cinquième nation à Kazan (Russie), les Bleus sont surtout en retard chez les femmes (une finaliste). «On est loin de ce qui se fait au niveau mondial, reconnaît Fabrice Pellerin, responsable des demoiselles. Chez les filles, comme chez les garçons, la France a toujours existé à travers des individualités. Mais quand on enlève un arbre ou deux, on sait comment est la forêt : défrichée !»

Dans un tweet, le néoretraité Amaury Leveaux a d'ailleurs fustigé la majorité de l'équipe de France, qui ne sert à ses yeux qu'à mettre l'ambiance dans les tribunes… «Les jeunes français ici ne savent pas trop faire, à la bagarre, explique Roxana Maracineanu, première Française championne du monde de natation en 1998. Il y a une natation française à deux vitesses. Les grands champions, et les jeunes, qui sont contents. Ils sortent de la demie éliminés, satisfaits, tranquilles. Il y a les deux aînés (Manaudou et Lacourt) qui ramènent des médailles, et eux, ils sont bien, dans l'ombre. Mais quand les deux ne seront plus là, ce sera à eux de faire.»

La prédominance des Marseillais interroge sur un éventuel déséquilibre, à l'heure où ils fournissent 80 % des médailles, un gros tiers des participants et en aimantent de nouveaux. Le directeur technique national, Jacques Favre, qui essaie de décoller son étiquette phocéenne pour prendre de la hauteur, le reconnaît : «Comme le Cercle, moribond il y a une décennie, l'a fait, il faudrait que les clubs historiques renaissent. Mais il ne faut pas se mentir. La natation française restera une affaire d'artisans.» Si possible hautement qualifiés.