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Libération
Billet

Il faut sauver Nick «Groschambreur» Kyrgios

L'Australien Nick Kyrgios face au Suisse Stan Wawrinka au tournoi de Montréal, le 12 août 2015 (Photo Minas Panagiotakis. AFP)
publié le 2 septembre 2015 à 16h59

Nick Kyrgios et Stan Wawrinka ne se rencontreront pas à l’US Open. Le jeune prodige australien a été sorti lundi soir par Andy Murray et il aurait fallu de toute façon qu’il fasse un parcours remarquable s’il voulait ­retrouver celui qu’il a copieusement insulté lors du tournoi de Montréal en août. Manque de chance pour lui, la phrase marmonnée dos à son adversaire et qui laissait entendre que la copine du Suisse ne lui avait pas été fidèle – tout ceci dit en termes plus crus – avait été captée par les micros et diffusée dans le monde entier. Depuis, Nick Kyrgios est un paria. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un joueur ne vienne lui faire la leçon ou qu’on lui demande de s’excuser à nouveau. Même Benoît Paire, ex-joueur fantasque qui avait l’habitude de détonner sur un terrain de tennis – et on l’aimait pour ça – y est allé de son couplet moralisateur cette ­semaine.

On ne va pas soutenir que la saillie de Kyrgios était très fine et bienvenue. Mais qui n’a pas un jour secrètement souhaité les pires outrages à son adversaire sur un terrain de sport ? Ou même en se prenant une raclée au Trivial Pursuit ? L’univers du tennis est peuplé de Bisounours. Il y a «Grosmaître» Federer et «Grosgaucher» Nadal qui incarnent la légende de ce sport et dictent à tout le monde ce qu’il faut penser et dire. Il y a «Grosgluten» Djokovic, devenu numéro 1 au prix d’un affadissement de sa personnalité. Il y a «Groslunaire» Murray qui ne casse presque plus de raquette d’énervement. Tous ces joueurs trustent les prix et tous sont contents de perdre les uns contre les autres. Et de débiter de la langue de bois à longueur de cordage : «Il méritait de gagner, il a été plus fort, la prochaine fois c’est lui qui gagnera...» On ne s’étonne même plus d’un Nadal choisissant qui doit l’arbitrer ou pas.

Nick Kyrgios a le mérite de rappeler que le sport est aussi une ­affaire de mauvaise foi incarnée autrefois par un Grosgrognon McEnroe. Et que le tennis s’est aseptisé au fil du temps. Au profit de la pureté du jeu peut-être. Au détriment de son intérêt parfois .