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Les ambitions de Kristina Mladenovic

Annoncée depuis des années comme la future star du tennis hexagonal, la Française est enfin là où elle voulait être.

Kristina Mladenovic le 6 septembre. (Photo AFP)
Par
Licia Foudala
Publié le 08/09/2015 à 14h27

Kristina Mladenovic vit son grand soir : un quart de finale à l’US Open (son premier en Grand Chelem) à 22 ans contre la vétérane italienne Roberta Vinci (32 ans) à 18 heures.

La 40e mondiale est la plus jeune des huit participantes à disputer les quarts de finale de l'US Open. Pourtant, la polyglotte – elle parle six langues dont un anglais à l'accent balkanique, et comprend le Russe – n'a pas à rougir face à ses adversaires américaines, tchèques ou italiennes : elle sert mieux qu'elles. Elle détient en effet le record de vitesse enregistré à Roland-Garros, qu'elle partage avec l'Américaine Serena Williams : 200 km/h, une marque déjà honorable chez les hommes. Dans le jeu, Mladenovic frappe lourd et précis.

Cette grande fille (1,84 mètres) a souvent dû lutter contre sa taille qui limite sa vivacité sur le court. A 12 ans, elle mesurait déjà 1,75 mètre, ce qui lui valut de nombreuses blessures au genou. «Ça m'a permis de travailler le mental», positive-t-elle aujourd'hui.

Confiance

Sa confiance en elle est proverbiale sur le circuit. Elle résiste même parfois à la défaite : on l'a vue un jour expliquer par A plus B combien elle avait été supérieure à une fille qui l'avait pourtant battue, mettant son infortune du jour sur le dos du hasard ou de la fourberie adverse. Entendu après une victoire à Strasbourg, entre autres perles : «J'ai fait la différence sur mes variations et mon intelligence de jeu.»

Le bon côté, c'est qu'elle va sur un court pour gagner indépendamment du rang de ses adversaires. Elle en devient dangereuse. La Franco-Serbe se donne aussi les moyens de ses ambitions : l'école (qu'elle adorait) abandonnée prématurément, quatre heures d'entraînement quotidien et des limites qu'elle cherche à repousser sans cesse. Quitte à brûler des coachs qu'elle trouve, la plupart du temps, moins ardent au travail qu'elle-même : sept entraîneurs depuis 2009 dont George Goven («le meilleur coach que j'aie jamais eu») ou Rodolphe Gilbert, qui n'a plus eu de nouvelles après cinq mois. La joueuse est seule aujourd'hui et si elle sait où elle veut aller et comment y aller, elle ne sait pas avec qui : «Ça ne sera pas forcément un coach. Peut-être un sparring-partner, un ami… Mais pour l'instant, je n'arrive pas à trouver la bonne personne. Je suis déjà dure avec moi-même et souvent je trouve que les coachs ne sont pas assez perfectionnistes.» 

Une affaire de famille

Enfant de la balle : une mère ex-volleyeuse professionnelle yougoslave, un père qui a déroulé une carrière de handballeur (gardien) à Dunkerque, Dijon ou encore Pontault-Combault. Kristina s'est essayée au handball, au volley, à la natation… «Mes parents voulaient juste qu'on fasse du sport, c'était bien pour les enfants et bon pour la santé.»

Son frère, Luka, a passé deux années au centre de formation du FC Metz et cherche aujourd'hui à poursuivre sa carrière chez les pros. Sur les réseaux sociaux, il affiche en bannière une photo de lui aux côtés de ses parents, le poing levé, après une victoire de Kristina. Il lui arrive d'ailleurs de lancer un «idemo» («c'est parti» en serbe) pour la soutenir. Elle n'en finit plus de dire que son frère est «la personne [qu'elle] aime le plus sur cette planète».