La Coupe du monde de rugby s’offre en 2015 un retour aux origines. Pour la deuxième fois de son histoire, c'est en Angleterre, berceau du ballon ovale, qu'est remise en jeu la Coupe William Webb Ellis. Mais le spectacle qui devrait nous être offert cette année sera bien différent de celui de 1991, année de la première édition de cette compétition outre-Manche. Professionnel depuis 1995, le rugby a considérablement évolué, dans la façon même dont il est joué. Un constat spectaculaire à la vue des chiffres.
Du jeu, du jeu, du jeu
Ce qui frappe en premier lieu est l’augmentation considérable du temps de jeu effectif. D’environ 27 minutes - alors qu'un match en dure 80 - en 1995, il est passé à 35 minutes en 2011. Les parties sont donc de plus en plus intenses, ce qui est en partie dû aux modifications régulières des règles par le World Rugby, l'équivalent ovale de la fifa. La fédération internationale milite en effet pour un jeu toujours plus dynamique, et elle n'hésite donc pas à remodeler régulièrement son propre réglement.
Les raisons de cette hausse sont aussi à aller chercher du côté des phases de conquête - mêlées et touches - dont le nombre a également fortement baissé en vingt ans. Ces phases statiques, moins régulières, ont donc libéré du temps pour le jeu de passes et les grands mouvements.
French flair
Le jeu en mouvement a considérablement évolué depuis deux décennies. Entre 1995 et 2011, le nombre moyen de passes effectuées dans un match est ainsi passé de 179 à 263. Plus spectaculaire encore, le nombre de rucks (phase de fixation du jeu après un plaquage) a plus que doublé, passant de 69 par matchs à 169. Le jeu main à main semble également prendre le dessus sur les alternances avec le jeu au pied. Alors que 75 coups de pied étaient tapés en moyenne par match en 1995, il n'y en avait plus que 41 en 2011.
La preuve d'un rugby tourné vers l'offensive et le jeu ? Pas vraiment. En se penchant d'un peu plus près sur les chiffres, on s’aperçoit en effet que les grosses écuries ne sont pas les principales responsables de la multiplication de ces temps de jeu.
A l’inverse, ce sont plutôt les équipes du bas de tableau, celles qui passent rarement le stade des poules, qui ont densifié leur attaque et élevé leur niveau de jeu. Une situation qui s’explique en partie par la présence de plus en plus importante de joueurs des «petites nations» dans les championnats européens et de l’hémisphère sud, à l’instar des Géorgiens et des Fidjiens, très nombreux en Top 14 (le championnat de France).
Il ne faudrait donc pas en conclure trop vite que le rugby d'aujourd'hui offre davantage de spectacle que celui d'hier. D'ailleurs, depuis 1995, le nombre d'essais est plutôt stable, avec environ 300 réalisations par édition de la Coupe du monde. Faire vivre le ballon est surtout devenu le seul moyen pour les équipes de tenter de déborder les défenses qui, elles, connaissent véritablement leur heure de gloire.