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Libération

Rugby : victoire à la grimace pour le XV de France

publié le 20 septembre 2015 à 20h06

Et si son seul grain de folie s'était évanoui dans la nuit londonienne ? A la 55e minute, samedi soir, les Bleus, qui ont battu l'Italie 32-10, ont vu l'ailier Yoann Huget rejoindre le banc de touche en pleurant. Sur l'un de ses premiers ballons intéressants à négocier, le joueur du Stade toulousain s'est blessé tout seul au genou droit.

Epaulé par le docteur des Bleus, Huget s'est assis en face d'un panneau Heineken mais il n'avait pas le cœur à en ouvrir une. Serge Blanco est venu lui glisser quelques mots, le talonneur Guirado poser un baiser sur son crâne. A la fin de la rencontre, touché au ligament croisé, la jambe comprimée dans une attelle, Yoann Huget a confié sa peine à Fofana, l'autre talent blessé des Bleus, puis il est tombé dans les bras de sa femme. Il avait manqué le Mondial 2011 pour un no show, trois rendez-vous ratés avec les garants de la lutte antidopage. Il était prêt à briller pendant cette édition, avait sauvé les Bleus dans les ultimes minutes des deux dernières rencontres de préparation. Forfait, il sera remplacé par Rémy Grosso.

Sans Huget, la France voit son contingent de facteurs X quasiment réduit à néant. «C'était notre meilleur élément derrière, ça fait chier», soupire Frédéric Michalak. Il peut illuminer le jeu français, comme lors du premier essai de Rabah Slimani (45e). «Il a fait jouer son équipe en avançant», souligne le pilier italien Castrogiovanni.

Bastareaud et Spedding soulèvent quelques espoirs, mais ils sont attendus avec des barbelés par les défenseurs adverses. Samedi, Mathieu Bastareaud a souvent fait du sur-place. Daniel Herrero gronde : «Dans la construction offensive, on est à la limite du vulgaire […]. L'apport des troisième-ligne est bien pauvre, celui des deux centres est presque indigne. Mais Dumoulin, qu'est-ce qu'il fait là ? C'est comme si on s'interdisait d'envoyer la balle à l'aile, alors que Nakaitaci, dès qu'il est servi, arrive à traverser le terrain.» Ces Bleus old school s'en sont remis à l'efficacité de Michalak, à des avants vigoureux (Guirado, Slimani, Mas, vive les costauds !). Et puis rideau.

«C'était un match âpre, dur, physique, avec des Italiens bien en place, dit Philippe Saint-André. Si l'action de Nakaitaci avait été accordée, on aurait sans doute marqué trois essais rapidement et rêvé de la chantilly sur le gâteau, à savoir le bonus offensif.» Pour Tillous-Borde, «ça enlève quand même une petite pression. On n'a jamais paniqué. La Coupe du monde est lancée !» Mais les doutes ne sont pas levés.