Ça y est, on commence à y croire ! Et si la France le faisait ? Comme d’habitude en somme. Alors que, depuis quatre ans, les Bleus nous proposent un jeu décevant, pauvre et ennuyeux, à la veille du match décisif face aux Irlandais, on sent le vent tourner. Comme une règle mathématique : plus la France est mauvaise, plus ses chances de réaliser un exploit sont fortes. Les preuves en 1999, 2007, 2011. Imparable ! Et si ça commençait dimanche en dominant un adversaire que Philippe Saint-André n’a jamais réussi à battre en quatre ans ? Et il y a bien des raisons d’y croire. Voici les clés d’un match qui s’annonce indécis.
Coupe du monde de rugby 2015 : France - Irlande
Une histoire d’inversion de courbes
Au plus bas pendant quatre ans, la France affronte une équipe irlandaise qui a dominé la scène européenne en remportant les deux derniers Tournois des six nations. La logique voudrait faire des Verts, 5es au classement IRB, les légitimes favoris de la rencontre. Mais voilà, la Coupe du monde est une épreuve à part. Difficile de jauger le niveau de jeu des deux équipes, tant l'écart avec leurs adversaires des premiers matchs était grand. Pourtant, l'Irlande a semblé douter samedi dernier face aux Italiens (certes renforcés par le retour de leur capitaine Sergio Parisse). Avant le Mondial, ils avaient enchaîné deux défaites contre les Gallois (à Dublin) et les Anglais (à Londres), dégringolant de leur 2e place mondiale. En face, les Bleus sont en confiance, car pour la première fois de l'ère Saint-André ils viennent d'enchaîner 5 victoires d'affilée. Deux courbes aux trajectoires opposées qui vont donc se croiser dimanche.
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La discipline
Ce sera la clé du match et les Bleus ont beaucoup de progrès à faire s’ils veulent l’emporter. Parmi les équipes qualifiées pour les quarts de finale, ils sont les deuxièmes plus pénalisés derrière les Sud-Africains, avec 36 fautes dont 19 dans leur propre camp. Avec un artilleur comme Jonathan Sexton en face, l’indiscipline peut leur coûter cher. D’autant que selon une règle en vigueur depuis 2012, quand son ouvreur marque moins de 10 points, l’Irlande ne gagne pas (c’est arrivé 7 fois : 6 défaites et 1 match nul). C’est dire que priver le numéro 10 irlandais de munitions est primordial.
Les Irlandais, eux, totalisent 28 fautes, c’est donc une des équipes les moins sanctionnées parmi les quarts de finalistes. Les Tricolores ont montré des progrès sur leur dernier match en ne concédant «que» 10 pénalités face aux Canadiens, il leur faudra faire encore mieux dimanche.
La conquête
C’est le point fort de l’Irlande depuis le début de la compétition. Le XV du Trèfle est la seule équipe à n’avoir perdu aucun ballon sur ses lancers en touche. Avec 8 ballons volés, elle présente aussi le meilleur alignement en contre. Face aux mêmes adversaires, la France a, elle, réussi à subtiliser 4 balles, mais s’en est fait voler 3. En titularisant Louis Picamoles en numéro 8 et en laissant Yannick Nyanga au repos, les Bleus gagnent en puissance mais se privent de leur meilleur joueur en contre (2 ballons volés). Espérons que ce choix ne sera pas préjudiciable face aux Peter O’Mahony et Chris Henry (sur le banc) qui totalisent à eux seuls plus de ballons volés que le XV de France.
«Il y a une mort pour tout… J'ai vécu des choses extraordinaires avec l'équipe de France pendant toutes ces années, je vis encore de belles choses. […] Il y en a qui auront la chance de revenir en équipe de France, pour moi, c'est plutôt la fin. Je suis heureux.» Nicolas Mas ne vit pas trop mal son statut de remplaçant pendant cette Coupe du monde et il a l'air de faire confiance à la première ligne titulaire (Guilhem Guirado, Eddy Ben Arous et Rabah Slimani). Mais avec 4 ballons perdus sur son introduction et 9 pénalités concédées sur la phase de jeu depuis le début de la compétition, la mêlée française aura fort à faire dimanche. Les Irlandais sont parmi les équipes les plus disciplinées dans cette phase de jeu. Ils n'ont été pénalisés qu'à 2 reprises et avec 1 seul ballon perdu. En plus, ils pourront compter sur le retour de Cian Healy comme titulaire. L'un des meilleurs piliers du monde, blessé aux cervicales en avril.
Le jeu au pied
Ce n'est un secret pour personne : les Irlandais aiment jouer au pied. Avec 122 coups de pied, c'est encore une fois l'équipe qui en use le plus dans la bande des 8 équipes encore en lice. La charnière, Murray-Sexton se répartit la tâche en laissant le jeu de pression au numéro 9 et l'occupation pour l'ouvreur. En plus d'avoir d'excellents artilleurs, les Irlandais sont très bons à la réception. Titulariser Brice Dulin, arrière de formation, à l'aile du XV de France n'est pas anodin de la part de Saint-André. Les Irlandais l'ont suffisamment répété : «L'absence de Huget est une lourde perte pour les Français dans le jeu aérien.» Ils ne seront pas de trop de 2 arrières de formation pour couvrir le fond de terrain. Ben Arous, ancien partenaire de l'ouvreur irlandais s'est vanté de connaître son point faible : «Il est lent dans ses dégagements, on va essayer de monter le maximum ! On va être à 200% sur lui, c'est l'homme fort de cette équipe !» Mais pour contrer le jeu au pied irlandais les Tricolores ont surtout intérêt à remonter les ballons avec un bon troisième rideau et être solides pour les ballons hauts, afin d'empêcher leurs adversaires d'en tirer des bénéfices. La stratégie de cibler Sexton avait déjà été utilisée lors du dernier tournoi… pour, finalement, une victoire de l'Irlande 18 à 11.