Le départ de la transat Jacques-Vabre s'est déroulé paisiblement, dimanche après-midi, dans des petits airs, au large de la Normandie. A 19 heures, Lemonchois-Jourdain (Prince de Bretagne) sont en tête des Ultimes et Meilhat-Desjoyaux (SMA) mènent les Imoca. Tout semble tranquille pour l'instant sur la route du Brésil. Mais la dépression très creuse qui inquiète les marins s'active toujours à l'ouest de l'Irlande. Et dès ce lundi matin, il va falloir choisir entre des options stratégiques majeures.
Ayant des vitesses différentes, les quatre classes de bateaux n’auront pas forcément les mêmes choix à effectuer. Ce lundi matin, les Ultimes, multicoques de 30 mètres, seront déjà à Ouessant. Les Imoca, ces monocoques de 18 mètres qui préparent le Vendée Globe, seront au large de Roscoff accompagnés des Multi50. Quant aux Class 40, monocoques économiques de 12 mètres, certains n’auront pas encore passé le raz Blanchard. Dans 36 heures, les Ultimes seront au niveau de Lisbonne, les Imoca au large du Cap Finisterre et les Class 40, à la latitude des Sables d’Olonne. Mais, en attendant, il faudra décider de l'option à prendre dès le passage de la pointe bretonne.
La route ouest pour les tape-dur
Si l’on écoute les routeurs, les Ultimes devraient passer au nord de la dépression. Ce serait l’option la plus rapide. Voilà le scénario imaginé. Porté par un vent de sud-est, les trimarans ne feront qu’une bouchée des 300 milles nécessaires pour parer le centre dépressionnaire. C’est ensuite que les choses se compliqueront sacrément. Les bateaux profiteront bien de la rotation du vent au nord-ouest, mais celui-ci montera à 40 nœuds. Les grains seront violents et les vagues atteidront 7 à 9 mètres. Cette option paraît réservée aux frères tape-dur, aux gens confiants dans la préparation et la solidité de leur bateau. L’avantage, c’est qu’ils n’auront pas à évoluer au près, allure détestée par les multicoques et beaucoup de monocoques prévus pour les déboulés au portant dans le grand Sud, sur la route du Brésil. La difficulté, c’est que l’enfournement et le chavirage les guetteront, sans parler du risque de démantibulement des coques.
Le cap Finisterre pour les mitigés
L’option la plus centrale paraît la plus nuancée. Après Ouessant, les bateaux remonteront au prés, dans un flux de sud de 20 à 25 noeuds. Ils se tiendront en lisière du front froid de la dépression irlandaise. Pour parer le cap Finisterre, ils tireront des bords face à une houle costaude mais qui n’aura rien à voir avec celle rencontrée sur la route ouest. De plus, l’arrivée sur Madère et la rencontre des premiers alizés pourraient être compliquée et sourire à ceux qui seront plus proches des côtes portugaises.
Le golfe de Gascogne pour les prudents
Beaucoup de bateaux viennent d’être mis à l’eau et beaucoup de skippers sont soucieux de préserver leur nouveau né. La solution pour eux consistera à s’enfoncer dans le golfe de Gascogne. Le vent y frémira à une douzaine de nœuds, hésitant entre l’est et le sud. La route sera rallongée. Il leur faudra tirer des bords pour parer le cap Finisterre et surtout veiller à ne pas se laisser surprendre par l’arrivée de la dépression. Mais cela pourrait représenter la route la plus sécurisée. A moins que la donne météo évolue rapidement d’ici là, ce qui parait peu probable.