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Libération
Adages de saison (1/5)

Pour le PSG, l’argent fait le bonheur

Des joueurs aux entraîneurs, des clubs les plus friqués aux moins dotés, «Libération» raconte en proverbes et antiproverbes le championnat de foot français. Première étape de ce bilan avec le club parisien.
Les Parisiens lors de leur victoire à Caen, le 19 décembre. (Photo Charly Triballeau. AFP)
publié le 25 décembre 2015 à 15h16

Une équipe comptant 19 points d'avance sur son dauphin à mi-parcours, ce qui lui garantit un quatrième titre de champion de France de rang, des arbitres qui dégainent les cartons rouges comme s'ils étaient assortis d'une prime (66 contre 32 la saison passée à ce stade), des entraîneurs qui bricolent et des joueurs qui ressuscitent… Premier des cinq proverbes – ou anti-proverbes – concoctés par Libération pour raconter la première moitié du championnat de France à l'heure de la trêve hivernale :

La domination du PSG, de la compta au terrain

On passe sur les statistiques effarantes des quatre premiers mois de Ligue 1 du Paris-SG : on est quand même resté en arrêt sur ces 51 points sur 57 possibles et ces neuf matchs – un sur deux – remportés avec 3 buts d’écart ou plus, indicateurs d’une supériorité inédite. A 500 millions d’euros de budget annuel estimé, dans une L1 où plus de la moitié des équipes affichent un budget inférieur à 45 millions, ça s’explique aussi.

Au fond, il faut savourer la mort de tout enjeu sportif – le championnat est terminé – les concernant : ça permet de profiter à plein du reste. Le crépuscule du Suédois Zlatan Ibrahimovic (34 ans), 15 buts quand même (5 pénos mais bon, on sait, il faut les mettre…) et cette sensation de voir à la fois le même joueur – son ego tire tout le monde et empêche ses partenaires de s’endormir, même les soirs où c’est joué d’avance – et un attaquant différent, qui gère sa mobilité et son explosivité moindres en faisant des choses plus simples, plus éloignées du défi pur qui l’a porté jusqu’ici. La mine de l’entraîneur Laurent Blanc en coulisse, de plus en plus tendu et irrité au fil des succès qui s’accumulent : ça se joue en coulisse pour lui, l’ancien champion du monde 98 entendant profiter de sa cote en hausse pour arracher un nouveau contrat et un peu de pouvoir sur un vestiaire rempli de monstres du foot mondial.

Et il y a toujours cette note basse, véritable bande-son du club depuis l’arrivée des Qataris en 2011 : ce mélange d’indépendance d’esprit (ces gars-là voient midi à leur porte) et de dureté, un cordon sanitaire les isolant d’une Ligue 1 remplie à leurs yeux de joueurs paresseux, s’écoutant trop à la moindre contrariété physique et s’effarouchant dès que Thiago Motta commence à faire pleuvoir les insultes sur le terrain. Le seul joueur à avoir parfois tenté une forme de cross-over n’est autre qu’Ibrahimovic, les soirs où un adversaire lui rentrait dans le lard ou lui glissait quelques insultes en suédois apprises pour l’occasion. On a alors vu le visage de la méga-star s’illuminer, un geste fraternel concluant parfois la rencontre. Le respect se gagne.

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