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Libération
Adages de saison (2/5)

Au SCO d'Angers, le bien est l’ennemi du beau

Des joueurs aux entraîneurs, des clubs les plus friqués aux moins dotés, «Libération» raconte en proverbes et antiproverbes le championnat de foot français. Deuxième étape de ce bilan avec le SCO d’Angers.
Romain Thomas, face à Bordeaux, le 13 décembre. (Photo Jean-François Monier. AFP)
publié le 27 décembre 2015 à 15h51
(mis à jour le 4 janvier 2016 à 12h09)

Une équipe comptant 19 points d'avance sur son dauphin à mi-parcours, ce qui lui garantit un quatrième titre de champion de France de rang, des arbitres qui dégainent les cartons rouges comme s'ils étaient assortis d'une prime (66 contre 32 la saison passée à ce stade), des entraîneurs qui bricolent et des joueurs qui ressuscitent… Deuxième des cinq proverbes – ou anti-proverbes – concoctés par Libération pour raconter la première moitié du championnat de France à l'heure de la trêve hivernale :

Le mystère de l’austérité angevine

Le 6 novembre, dans les colonnes de l'Equipe, l'entraîneur du Angers Sporting Club de l'Ouest (SCO), Stéphane Moulin, se livrait à un étonnant plaidoyer pro domo, sa posture de l'homme attaqué étant tout de même étrange quand on coache un promu (18e budget de Ligue 1) plastronnant à la 2e place du classement devant l'Olympique lyonnais, Monaco, Saint-Etienne et consorts : «Quand on n'a pas la possession du ballon [qui assure le contrôle du jeu, ndlr], c'est qu'on n'arrive pas à l'avoir. Notre idée n'est pas de dire : on vous laisse le ballon pour que vous preniez les risques et que l'on vous contre ensuite. Si on défend plus que l'on attaque, c'est que l'adversaire nous impose sa maîtrise du ballon.»

En cause, le style austère de l'équipe angevine : 12 buts sur un total (déjà chiche) de 17 inscrits sur coup de pied arrêté parce qu'un grand – souvent le Sénégalais Cheikh N'Doye – saute plus haut qu'un autre. Et les réserves qui vont avec : sur Canal+, un journaliste explique qu'on «n'est pas très très loin du niveau zéro de l'ambition». Angers ne marque pas de but. Le SCO en encaisse encore moins. Et il est troisième à la trêve d'une Ligue 1 laminée économiquement, où des seconds couteaux éprouvés – le Lorientais Benjamin Moukandjo, le Caennais Andy Delort – font subitement la pluie et le beau temps faute d'opposition et où un joueur inactif depuis plus d'un an (le Niçois Hatem Ben Arfa) s'avère être le dribbleur le plus prolifique d'Europe (66 réussis) pour ainsi dire au saut du lit. Accroché (0-0) à Angers le 1er décembre, l'entraîneur parisien avait dit : «Je ne suis pas fan.» Avant ça, il avait expliqué que N'Doye et consorts, au moins, jouent en équipe. On y verra plus clair dans les prochains mois, on comprendra surtout qui sont les trois ou quatre joueurs qui, à Angers comme ailleurs, font et défont (quand ils partent) les prétendus «miracles» du foot. En attendant : va pour la notion d'équipe.

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