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Libération
Adages de saison (3/5)

Au Losc, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes

Des joueurs aux entraîneurs, des clubs les plus friqués aux moins dotés, «Libération» raconte en proverbes et antiproverbes le championnat de foot français. Troisième étape de ce bilan avec le Losc.
Herve Renard (au centre), ex-coach du Losc licencié en novembre, lors du match contre l'OGC Nice de Claude Puel, ancien entraîneur du club nordiste, en novembre. (Photo Bertrand Langlois. AFP)
publié le 28 décembre 2015 à 13h52

Une équipe comptant 19 points d'avance sur son dauphin à mi-parcours, ce qui lui garantit un quatrième titre de champion de France de rang, des arbitres qui dégainent les cartons rouges comme s'ils étaient assortis d'une prime (66 contre 32 la saison passée à ce stade), des entraîneurs qui bricolent et des joueurs qui ressuscitent… Troisième des cinq proverbes – ou anti-proverbes – concoctés par Libération pour raconter la première moitié du championnat de France à l'heure de la trêve hivernale :

L’impératif de silence pour le coach

On confesse une certaine tendresse pour l’ex-entraîneur lillois Hervé Renard, double champion d’Afrique des Nations avec les sélections zambienne (en 2012) et ivoirienne (2015) et coach atypique entrevu à deux reprises dans le paysage plutôt convenu de la Ligue 1. Et on n’est pas les seuls.

Le 7 novembre, son défenseur droit Djibril Sidibé lui tombait dans les bras après avoir égalisé contre le Sporting Club de Bastia (1-1 au final) au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d’Ascq, en préalable à une séquence hautement émotive : Renard ne cache pas son désarroi (Lille s’enfonce alors au classement) lors de sa conférence de presse post-match, son président, Michel Seydoux, avale de travers quand il a vent de la détresse de son coach et il le vire deux jours plus tard, malgré les tentatives de plusieurs joueurs qui, de leur propre initiative, contactent alors le patron du Losc pour sauver la tête de leur entraîneur.

Cette dernière démarche est peu courante : dans l'Hexagone ou ailleurs, les joueurs vivent au large des révolutions de palais et s'en portent bien. Renard avait un truc en plus. Il dit les choses comme elles lui viennent, même si elles tombent mal («Je me sens capable d'entraîner l'OM», juste avant un Lille-Marseille) ou que la logique de ses propos est étrangère à son auditoire. Et il ne cache pas grand-chose : Seydoux savait l'effectif nordiste limité, ce n'est pas la détresse de Renard qu'il lui a fait payer après Bastia mais le fait qu'il ait montré cette détresse.

Après Renard, le Losc a fait venir un coach éprouvé : Frédéric Antonetti, dix-sept saisons à la tête d’une équipe professionnelle française et une période de vache maigre récente qui a éteint son côté éruptif. Celui-ci a redressé la situation sportive du club nordiste en cinq sec. Entraîner est un métier de solitude et de dissimulation. L’affect et l’imprévisibilité n’ont rien à y faire.

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