La fièvre du samedi noir s'est emparée de l'équipe de France de rugby, le 17 octobre, peu après 21 heures. Tout au long d'un quart de finale de Coupe du monde, les joueurs néo-zélandais ont plongé la bande à Dusautoir dans l'obscurité, les plaquages tricolores s'écrasant sur Julian Savea (ci-dessous) - trois essais pour le successeur du regretté Jonah Lomu-, comme les vagues sur les digues d'Arromanches. Le score (62-13) est à la mesure du traumatisme. Le XV de France avait déjà pris des dégelées magistrales lors de test-matchs ou de tournées dans l'hémisphère Sud. Mais en Coupe du monde, il n'avait jamais perdu sa dignité, se rebellant glorieusement contre ceux qui l'enterraient avant l'heure, éliminant les All Blacks en 1999 et en 2007, les menaçant jusqu'au bout lors de la finale perdue de 2011. Vilain petit canard au jeu restrictif lors d'une compétition flamboyante et remportée par son bourreau (34-17 pour conclure face à l'Australie), la France ne peut plus se réfugier derrière sa culture de l'exploit et entamera une reconstruction totale en 2016.