La première rencontre d'un Euro de hand n'est jamais un hors-d'œuvre léger et facile à digérer, même et surtout quand on est le tenant du titre et roi de la tablée. L'équipe de France, qui avait débuté par un nul face à la Hongrie en janvier 2010 et une défaite contre l'Espagne en janvier 2012, a fini par mâcher des Macédoniens épais comme des frigidaires (tel le pilier, pardon le pivot Stoilov) et plutôt efficaces dans ces petits coups de vice qui font aussi le charme de ce sport (30-23). Comme dit le sélectionneur Claude Onesta, «c'était compliqué, le score ne reflète pas le match. C'est une rencontre typique d'un début d'Euro, face à une équipe expérimentée, qui n'a aucune chance d'aller à bout, mais qui sait qu'elle peut faire l'exploit sur les premiers jours face à des favoris encore en rodage.»
Ces diables de Macédoniens n'ont cédé que dans les dix dernières minutes, ils étaient encore collés sous la semelle des Experts à l'orée du money time (22-22). Penalties de Guigou, buts-sacrifices de Luka Karabatic et de Cédric Sorhaindo (un pion et un membre amputé à chaque fois), éclairs de Valentin Porte, la France bégaie mais prend quand même l'ascendant en première période (11-9). Avant de refaire du surplace. «On reste dix minutes à 11-9, soupire Onesta, on les a laissés dans le match, on rate deux contre-attaques. Globalement, on est en échec au tir sur des choses faciles.»
Claude Onesta : «On a laissé passer l’orage»
Thierry Omeyer, qui n'a pas aimé le dernier titre de David Bowie, empêche la vieille star de la Macédoine, Kiril Lazarov, de ressusciter. Avec 48% d'arrêts sur les tirs adverses en première période, le capitaine des Bleus permet aux siens d'arriver à la pause à 12-12. Les artistes Abalo et Guigou ne sont pas en réussite, ils se rattraperont en chapardant des ballons comme des petits filous en fin de rencontre. La France arrive à mener 20-17, mais se perd encore (20-20). «On a laissé passer l'orage, résume Onesta, jusqu'au moment de rupture.» Solide sur ses appuis, malgré les arracheurs de troncs macédoniens, Sorhaindo régale (6 buts) et Valentin Porte supplée des cadres branchés sur courant alternatif. La France l'emporte sur sa fraîcheur, sa longueur de banc, sa gestion de l'effectif. Le tandem Onesta – Didier Dinart s'est même permis de lancer quelques minots sur le parquet (Ludovic Fabregas, ou Nedim Remili, parfois naïf, et qui va avoir droit à de copieux débriefs vidéos).
Sur cette bonne note, et avant de remettre le couvert dimanche face à la Serbie, les Bleus ont laissé la place à une cérémonie d'ouverture baroque dans la Tauron Arena de Cracovie, avec notamment une démonstration de break dance sur solo de batterie effectué par un teenager de 14 ans. Quant aux pom pom girls de cet Euro polonais, elles ont réussi le tour de force d'être moins habillées que Nicki Minaj dans ses clips. Oui, c'est possible.