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Libération
Dunk Is Not Dead

Blake Griffin, l'antipathique

Tirs du parking, contres ravageurs et flops comiques... Treizième tour d'horizon des parquets américains, de la côte Atlantique au littoral Pacifique.
Blake Griffin entouré de joueurs des Charlotte Hornets à Shenzhen, en Chine, le 11 octobre. (Photo STR. AFP)
publié le 28 janvier 2016 à 16h16

Nous sommes à deux semaines du All Star Game 2016. Parmi les grandes étapes d'une saison NBA, elle en est une essentielle. Un moment charnière, à la suite duquel nombre d'équipes se sont effondrées, ou au contraire, réveillées. Les grandes tendances ici confirment plutôt ce que nous imaginions en début de saison. Aucun favori ne déçoit. Notamment l'outsider récurrent de ces dernières années, les Los Angeles Clippers, dont Blake Griffin est l'un des joueurs majeurs. Cette semaine, nous amorçons une tentative d'explication sur la détestation qu'ils suscitent.

Le joueur : Blake Griffin

«Les Clippers irritent. Ils rendent furieux. Ils attisent le feu. Ils frictionnent. Les gens détestent les Clippers et par "les gens", je veux dire tout le monde: joueurs, entraîneurs, recruteurs, propriétaires, cadres, revendeurs de billets, placeurs dans les tribunes, vendeurs de pop-corn. Sûrement aussi le Dalaï-Lama mais il est difficile de le contacter pour savoir s'il confirme. Ce n'est pas un débat dans les cercles de la NBA. Les Clippers ne sont pas une équipe détestée ou même la plus détestée, comme une option dans un quiz à plusieurs choix. Ils sont l'équipe détestable. "L'équipe la plus détestée jusque-là", expliquait un entraîneur NBA.» Voilà comment Howard Beck résume la situation pour Bleacher Report.

Les explications sur cette haine collective sont nombreuses et nébuleuses à la fois. Les simulations, leur volonté de continuer à écraser les adversaires même quand le match est plié, leurs plaintes auprès des arbitres, la saillie raciste de l'ex-patron Donald Sterling, l'affaire du faux transfert de DeAndre Jordan à Dallas cet été (lire notre chronique du 12 novembre). L'équipe est spectaculaire et possède pas mal de stars. Le génial meneur Chris Paul en tête de gondole. Mais aussi le pivot géant précité, DeAndre Jordan, les shooteurs fou, J.J. Reddick, et très fou, Jamal Crawford, ou encore le guerrier vétéran Paul Pierce. Et Blake Griffin, le seul qui peut tenir la dragée haute à Chris Paul en termes de notoriété.

Griffin, 26 ans, est depuis au moins un an et demi l'un des meilleurs joueurs de la NBA. Ses statistiques au tir et au rebond sont là pour en témoigner – tout juste sa disparition dans certaines affiches déçoit-elle. Sa faculté de marquer à mi-distance s'est grandement améliorée la saison dernière. Ses déplacements sur les systèmes, aussi. Mais c'est bien son côté athlétique qui impressionne depuis l'université d'Oklahoma – où son maillot sera retiré sous peu. En particulier les dunks que sa détente et sa puissance lui permettent de faire. Et le nombre d'adversaires postérisés (plus que des mots, la vidéo ci-dessous traduit bien ce que cet anglo-barbarisme veut dire) est désormais impressionnant.

Mais quand on multiplie les dunks sur la tête de ses adversaires, ça énerve. Les joueurs comme les fans ennemis. C'est l'un des éléments qui a joué en défaveur de sa réputation. Un élément parmi de nombreux autres. Car, si les Clippers sont «l'équipe détestable», Blake Griffin est sûrement l'un des joueurs les plus haïs de la NBA. Le nombre de pubs dans lequel il est mis en scène, sa propension à provoquer sur le terrain puis à fuir la moindre bagarre ou même sa supposée laideur font aussi partie des «arguments» avancés par ses nombreux détracteurs afin d'expliquer cette détestation générale.

Après avoir décrit plusieurs conflits ayant opposé le numéro 1 de la draft en 2009 et des joueurs des Warriors, lors du Christmas Day de 2013, Eddie Maisonet de SB Nation résume la situation ainsi : «Ce sont la vie et les moments de Blake Griffin. Une vie, celle qui consiste à ce que presque tous les joueurs ne portant pas un maillot des Clippers lui manquent continuellement de respect. Un moment, [juste après,] où il a le regard perdu dans les abysses et fait comme si rien ne s'était passé.»

Griffin sait aussi ennuyer ses propres coéquipiers. Dans une intervention sur les réseaux sociaux restée célèbre, le bagarreur multirécidiviste Matt Barnes expliquait en avoir marre de ces joueurs qui ne le suivaient pas quand une escarmouche se déclenchait sur le parquet. Et Griffin était visé en priorité : provoquer, floper, entamer un début de contact pour après laisser ses «potes» s'interposer et prendre des fautes techniques voire des expulsions, c'est la spécialité que lui attribue Matt Barnes.

Et mardi, nouvel épisode dans cette incompréhension générale entre lui et la NBA, ses acteurs comme ses spectateurs. On apprend par ESPN qu'il s'est blessé à la main, dans un «team-related incident», sous-entendu, une bagarre avec un membre de la franchise, en l'occurrence Matias Testi, responsable du matériel de l'équipe. L'embrouille a commencé dans un restaurant et s'est terminée devant. Une enquête a depuis été lancée et l'ailier fort s'est excusé sur Twitter. Résultat, blessé depuis Noël, il a de nouveau pris de quatre à six semaines. Pas vraiment un souci pour les Clippers, peut-on dire, puisqu'ils en sont à 13 victoires en 16 matchs depuis sa disparition des parquets. Blake Griffin peut donc enfin la jouer discrète, histoire, peut-être, de faire retomber cette «haine» démesurée.

Conférence est

Les Toronto Raptors en feu avant le All Star Game. Sont-ils en train de nous refaire le coup de l'an dernier? Les fans ne l'espèrent pas. Car, après avoir réalisé le meilleur départ de leur histoire, ils avaient plafonné et terminé 4e de la conférence Est. Cet été, DeMarre Caroll (qui n'a quasiment pas joué depuis plus d'un mois), Cory Joseph et Luis Scola sont arrivés. Et DeMar DeRozan ainsi que Kyle Lowry font une saison solide. Assez pour en être à 9 victoires de rang et emmener leur équipe à la deuxième place, à 2,5 victoires des Cavaliers (32-12 pour les Cavs, 30-15 pour les Raptors). Et d'ici un mois, seuls les Bulls et les Cavs semblent pouvoir enrayer cette belle dynamique. Ou, comme l'an dernier, gripperont-ils, seuls, leur propre machine ?

Classement. Seuls les Cavs parviennent à faire mieux que les Raptors. Ils ont donc viré leur entraîneur samedi. Derrière, cela se resserre. Si les Hawks (qui ont aussi eu deux nominations dans le Shaqtin A Fool de la semaine grâce à Kent Bazemore, voir ci-dessous) et les Bulls complètent toujours le quatuor de tête, les Celtics et les Pistons s'en sont clairement rapprochés. Le Heat reste aussi au contact après avoir enfin gagné deux matchs de suite. Les Pacers (8e) ne parviennent pas à enrayer leur mauvaise série. Et si Charlotte a enfin redressé la barre, les Knicks, eux, jouent avec le moral de leurs fans : ils viennent de perdre 3 matchs et sont 10es.

Conférence ouest

Les Warriors en avance sur les Bulls de 1995-1996. On se répète à longueur de semaines. Il faut dire que, après leur départ, on entendait des «attendons le match face aux Cavs». A Noël, la rencontre fut gagnée sans trop de problèmes. Puis «quand il y aura des blessés…» Curry, Thompson, Green, Barnes, Bogut ont tour à tour été absents pour différents problèmes et ils ont gardé le rythme. Enfin, «d'accord, mais contre les Spurs, ce ne sera pas la même». Une semaine après avoir atomisé les Cavs, chez eux cette fois-ci, ils ont réglé l'affaire tout aussi violemment face aux Spurs, qui réalisent pourtant eux aussi l'un des meilleurs départs de l'histoire. Reste le toujours efficace «nous ne sommes qu'en janvier, on verra en play-offs»Mais les Golden State Warriors sont actuellement à 42 victoires pour 4 défaites. En 1995-1996, les Bulls en étaient à 41 victoires pour 5 défaites. Ils avaient pourtant réalisé le 72-10 légendaire et meilleur bilan en saison régulière de l'histoire. «Chasing history», «chasser l'histoire» répètent à l'envi la franchise comme ses joueurs. Quand on écrase une compétition, on se motive comme on peut. On peut aussi jouer au concours du panier du milieu de terrain. Mais encore quelque chose de trop facile pour Stephen Curry et les siens.

Classement. Derrière les Warriors, encore et toujours le même trio : les Spurs, le Thunder et les Clippers. Memphis, Dallas et Houston semblent avoir fait le trou. Les Trail Blazers reprennent la 8e place aux Kings. New Orleans (12e) poursuit sa remontée et n'est qu'à 5 victoires du dernier billet pour les play-offs, alors qu'on leur donnait saison perdue.

La semaine des Français

Rudy Gobert impressionne. Contre Détroit et Andre Drummond, il a pris 17 rebonds et marqué 17 points. Trois matchs à plus de 15 points pour Evan Fournier, cela ne lui était plus arrivé depuis mi-décembre. Kévin Séraphin a joué les trois derniers matchs avec les Knicks et a même marqué 8 points, son meilleur score en deux mois. Ian Mahinmi était en double double mardi (12 points, 10 rebonds).

Même s'il n'a pas récupéré sa place de titulaire, Joffrey Lauvergne retrouve enfin un temps de jeu convenable avec les Nuggets. Petite semaine pour Tony Parker et Boris Diaw. Alexis Ajinça fait ses minutes avec les Pelicans. Blessé, Nicolas Batum n'a pas joué de la semaine. Joakim Noah est out pour encore plusieurs mois. Damien Inglis ne joue toujours pas.

Trois matchs à voir (ou à enregistrer)

Tous sont à regarder sur BeIn Sports. Pour ceux qui ont besoin de dormir de temps en temps, n’oubliez pas la fonction enregistrement de votre box.

Oklahoma City Thunder - Houston Rockets (samedi 30 janvier à 2 heures) : Kevin Durant et Russell Westbrook accueillent James Harden. Des retrouvailles tournées vers l'attaque.

Cleveland Cavaliers - San Antonio Spurs (dimanche 31 janvier à 2 h 30) : ce nouveau choc est une occasion donnée aux Cavs pour prouver qu'ils ont les moyens de disputer le titre.

Los Angeles Clippers - Chicago Bulls (dimanche 31 janvier à 21 h 30) : un choc entre les deux principaux outsiders de la NBA. Chaud week-end.