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Cavani chasse son spleen, Paris bat les Blues

Le Paris-SG a dominé Chelsea (2-1) grâce à un but de son attaquant le plus décrié et reste légèrement favori pour la qualification en quarts de finale de la Ligue des champions...
L'attaquant Edinson Cavani, auteur du 2e but du PSG contre Chelsea en Ligue des Champions au Parc des Princes, le 16 février 2016. (Photo Franck Fife. AFP)
publié le 17 février 2016 à 7h13
(mis à jour le 17 février 2016 à 16h09)

Il y a des soirs comme ça où les vestes se retournent et les scénarios les plus imprévisibles se dessinent. Mardi soir, au Parc des Princes, un buteur honni du Paris-SG a donné la victoire à son club alors que nombre d'observateurs et de supporters souhaitaient se cotiser pour l'envoyer très loin l'été prochain. Sur son cinquième ballon touché après son entrée sur le terrain, l'Uruguayen Edinson Cavani a surgi dans le dos de la défense de Chelsea et trompé l'impassible gardien des Londoniens, Thibault Courtois, qui a autant de bras que Shiva. «Je suis heureux pour "Edi", je le dis souvent, c'est un garçon qui peut marquer à tout moment, je me répète à chaque fois, mais je suis obligé de me répéter, car vous doutez souvent de ses talents de buteur, a dit Laurent Blanc. Il traversait un moment très difficile, j'espère que le fait d'avoir marqué ce deuxième but va le remettre en confiance.»

Ne nous y trompons pas : Blanc se méfie aussi de la gabegie de Cavani, dont il a fait un remplaçant de luxe. Mais comme l'an dernier, au même stade de la compétition, «Edi» a redonné la foi à toute sa formation, qui en aura bien besoin dans trois semaines à Stamford Bridge. Après son but, il a couru comme un dératé, sa marque de fabrique, mais plus personne n'avait le cœur à moquer cette dépense d'énergie souvent vaine. Soudainement, il était moins burlesque. Pour un buteur, l'efficacité efface tous les préjugés. L'attaquant d'en face, le vicelard Diego Costa, l'homme au masque de cuir, pourra vous en parler, lui qui a été adulé à l'Atlético Madrid et à Chelsea malgré un comportement parfois infect.

Zlatan, Obi Mikel et les légendes urbaines

Mardi soir, Diego Costa est tombé sur un gardien allemand plutôt alerte. Comme dirait Serge Aurier, Kevin Trapp n'est pas «guez» (flingué, ndlr). Il est encore trop tôt pour savoir si le chouchou de Rihanna peut prendre cette dimension européenne seulement effleurée par Salvatore Sirigu, mais il a brillé lors du premier match vraiment crucial de sa jeune carrière. Parade insensée sur une tête à bout portant de Diego Costa (avec l'aide fortuite du poteau), face-à-face parfaitement maîtrisé avec le même bonhomme, sortie in extremis devant Oscar… Trapp a permis à son équipe d'éviter d'y passer avant le match retour.

Puisque c'étaient un soir et un match un peu fous, on a vu d'autres légendes urbaines battues en brèche. Un exemple ? Zlatan s'écroule quand c'est à lui de porter les autres sur ses épaules. En 2014 et en 2015, son fantôme avait plané lors des deux confrontations à zéro but personnel face à Chelsea. Mardi soir, il a peiné sur la fin de la rencontre, et perdu un duel majeur face à Courtois. Mais, sur coup franc, il avait déjà planté sa première banderille dans le dos des Londoniens, et plus précisément dans celui de John Obi Mikel, qui s'est retourné bêtement alors que tout le mur de Chelsea comptait sur lui. «Ce qu'a fait Obi Mikel, c'est inadmissible ! S'il a peur du ballon, il n'a rien à faire dans le mur», s'est étranglé Zico, l'ancienne gloire de la Seleçao, sur une chaîne brésilienne.

Obi Mikel a provoqué ce coup franc de Zlatan en titillant Lucas, il l’a détourné dans sa propre cage. Mais c’est un flegmatique qui ne panique jamais, dont le jeu et l’attitude rappellent grandement Claude Makelele. Pensez donc, il a patienté sept ans sous les couleurs de Chelsea pour inscrire son premier but en championnat, le 21 septembre 2013, il n’est pas né de la dernière pluie. Mardi, il a attendu moins longtemps pour refroidir ses détracteurs, six minutes exactement, en profitant des errements d’un Marquinhos mitigé, qui a pris la place d’Aurier côté droit, mais pas sa couronne de lauriers.

Guus Hiddink: «C’est une équipe du Paris-SG très intelligente»

Cavani qui ressuscite, Zlatan qui assure, Trapp qui rassure, Obi Mikel qui marque dans les deux camps. On ne savait plus où donner de la tête. Et Nasser al-Khelaïfi, le président du Paris-SG, non plus, il n'est pas passé loin du lapsus à bêtisier télé : «Je suis très heureux de la qualité du jeu, on a fait notre meilleur match de la saison, mais on ira là-bas pour chercher les trois p… euh on ira pour gagner et plier le match.» Laurent Blanc acquiesce : «On a retrouvé certaines valeurs de notre jeu, notre philosophie. On peut être satisfait de la prestation du Paris-SG. Deux buts à un, certes, ce n'est pas un avantage très grand, ce n'est pas cher payé, mais en termes de jeu produit, c'est très satisfaisant.» La deuxième période, à sens unique, lui donne raison, elle fut magnifiée par Angel Di Maria, passeur décisif pour Cavani, après une orgie de caviars pour Maxwell, côté gauche. «C'est une équipe du Paris-SG très forte, très intelligente, apprécie Guus Hiddink, le coach de Chelsea. Vous avez vu les joueurs qui sont rentrés de leur côté, ils sont de classe mondiale. Ils ont le nez pour se créer des occasions, pour exploiter nos faiblesses, malgré tout ce que nous avions préparé, vous avez pu le remarquer sur le second but.»

Ce bon Guus a quand même précisé, et c'est aussi vrai qu'important : «On aurait pu conclure plus d'occasions, tuer la rencontre. Mais perdre 2-1, cela ne nous écarte pas de la course. C'est toujours du 50-50.» Willian, serein, a souvent rappelé le talent de ces Blues pendant la rencontre. Blanc ne dit pas autre chose : «On aura des possibilités de marquer à Stamford Bridge, j'espère qu'on pourra les concrétiser. J'étais remonté à la mi-temps, on perd le ballon assez facilement, on concède deux corners, sur l'un des deux, on prend ce but-là. Chelsea aurait pu marquer dans d'autres circonstances, mais encaisser ce but à ce moment-là… c'est notre grand regret.» En 2014, avec une victoire 3-1 à l'aller, Paris s'est présenté à Londres dans une meilleure position que cette saison, mais a fini dans le fossé. En 2015, après un match nul décevant (1-1), ils ont réussi à sublimer une situation compromise. Les meilleurs pronostics sont faits pour être démentis. Demandez donc à Edinson Cavani.