Ce lundi matin, le défenseur parisien Serge Aurier a rendez-vous avec le directeur général délégué du Paris-SG, Jean-Claude Blanc, et le directeur sportif adjoint, Olivier Létang, pour y avoir un entretien disciplinaire, préalable légal à la prise d'une éventuelle sanction à son endroit pour avoir qualifié son entraîneur, Laurent Blanc, de «fiotte», le 13 février sur les réseaux sociaux. On n'enlève pas un mot à ce qu'on a affirmé vendredi sur Libération.fr : un transfert cet été dans un club de standing inférieur (alors que les plus grandes équipes d'Europe ont un œil sur lui, l'international ivoirien ayant peu d'équivalent dans le monde au poste de latéral droit) était dans les tuyaux du club de la capitale il y a une semaine.
Or, il semble que les lignes aient bougé. Que Serge Aurier ait reçu de nombreuses manifestations de soutien de la part du monde du sport - ses compatriotes Didier Drogba ou Yaya Touré, le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, Yannick Noah - après sa mise à pied est dans l'ordre des choses : ceux-là pointent surtout la disproportion entre les faits et l'écho médiatique, Noah parlant de «cirque». Les mots lâchés par le vice-capitaine du Paris-SG, Blaise Matuidi, samedi après la victoire contre Reims (4-1), sont autrement remarquables : «Serge, c'est l'ami de tout le monde dans le vestiaire. Je pense qu'il aura une discussion avec le coach et j'espère que ça sera positif. On a besoin de lui sur le terrain comme en dehors. Après, je ne suis pas le président, je parle en tant que joueur et en tant qu'ami.»
Difficile quand même de croire qu'un joueur aussi «institutionnel» et réfléchi que Matuidi ait parlé ainsi, sinon sans l'aval de sa direction, du moins sans avoir la certitude que cette direction n'y trouverait rien à redire. Il se dessine ainsi la partition suivante : le vestiaire parisien d'un côté (Thiago Silva a tenté de joindre Aurier après les déclarations de celui-ci), soucieux de sortir de l'ornière un bon camarade (ou un super joueur), le monde extérieur de l'autre, jugé par ce même vestiaire excessif et animé par des débats qui leur passent au-dessus de la tête. La position de Laurent Blanc sur l'échiquier intrigue : très remonté après-coup, il disait vendredi qu'en ce qui le concernait, «le temps faisait son effet» et que c'était à sa tutelle de trancher. Un pragmatisme qui pourrait, aux yeux de ses joueurs, être aussi interprété comme un manque de courage.