On serait dans un film de Chuck Norris, on dirait «faut pas leur baver sur les rouleaux aux Nadal». Vendredi, l'oncle, Toni, balançait que Roselyne Bachelot était une imbécile après cette dernière avait avancé sur D8 : «On sait que la fameuse blessure de Rafael Nadal quand il a été arrêté sept mois (en 2012) est certainement due à un contrôle positif.» L'ex-ministre des Sports (2007-2010), réagissait à l'annonce du contrôle positif de la Russe Maria Sharapova. Dimanche, en marge du tournoi d'Indian Wells (Californie), le neveu Rafael a confirmé qu'il allait porter plainte contre Bachelot. Objet récurrent de rumeurs sur son présumé dopage, l'ancien numéro 1 mondial prévient qu'il en a assez et qu'il ne laissera désormais passer aucune allusion malveillante : «Je vais la poursuivre en justice et je vais à l'avenir poursuivre tous ceux qui feront des commentaires similaires. Je suis fatigué d'entendre ce genre de choses. Je sais combien j'ai dû travailler dur pour en arriver là. Je ne peux pas accepter des commentaires d'une personne qui se doit d'être sérieuse, car elle était ministre dans un grand pays, la France.»
Les déclarations polémiques de Bachelot
Rumeurs
«Quand tu vois un joueur de tennis qui s'arrête pendant des mois, c'est qu'il a été contrôlé positif. Pas à chaque fois mais très souvent», avait réagi Roselyne Bachelot, la semaine dernière. De fait le milieu de tennis bruisse de rumeurs sur des retraites précoces ou de blessures bidons qui ne seraient que les résultats d'un deal entre la Fédération internationale et des joueurs ou joueuses contrôlés positifs, du genre: «Tu te mets au vert temporairement ou définitivement, et nous, on la ferme.» La timidité de la Fédération internationale dans la lutte contre le dopage et la gestion désastreuse de quelques cas, comme celui du Croate Marin Cilic (en 2013 il prétexte une blessure pour justifier un retrait surprise à Wimbledon, on apprendra qu'il avait été contrôlé positif) ne font que renforcer ces soupçons.
Nadal a été longuement absent en 2012 à cause d’une blessure à un genou. Avant le coup d’envoi d’Indian Wells, il avait assuré qu’il ne s’était jamais dopé et précisé qu’il avait eu recours à des thérapies de pointe et onéreuses pour soigner ses problèmes aux genoux, comme l’utilisation de cellules-souches et de plasma enrichi en plaquettes (PRP).
Assez régulièrement, les soupçons de dopage des sportifs espagnols de la part des Français irritent au-delà des Pyrénées, où, dans un passé récent, on n’a que modérément apprécié certains sketches des Guignols sur Nadal ou Contador, certains articles de presse ou une tribune de Yannick Noah dans le Monde dans laquelle il évoquait «la potion magique» des sportifs espagnols.
Le sport espagnol, du comité olympique au Real Madrid (Zinedine Zidane en tête), s'est rangé derrière Nadal. Qui a bénéficié du soutien appuyé de la Fédération internationale de tennis: « Les accusations de Roselyne Bachelot contre Rafael Nadal sont non seulement surprenantes, mais encore erronées, a-t-elle réagi. Les noms de tous les joueurs reconnus coupables d'une violation du programme antidopage du tennis sont annoncés publiquement. »
Contactée par le Monde, Roselyne Bachelot a répondu par un long SMS. Sans se focaliser sur l'Espagnol, elle maintient ses propos: « Je suis flattée de l'intérêt porté à mes propos par M. Nadal. Je me suis simplement fait l'écho de commentaires tenus très largement dans le monde du tennis et de la presse. […] Au-delà du cas particulier, il est maintenant avéré que des suspensions ou des arrêts de carrière – prétendument pour raisons de santé – ont servi à masquer des contrôles antidopage positifs en accord entre les joueurs, leur entourage et les autorités du tennis. Il est à espérer que les déclarations de Mme Sharapova ouvrent une nouvelle ère marquée par la transparence dans un sport magnifique, mais dans lequel les enjeux financiers ont été à l'origine de bien des tentations.»