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Libération
Idée reçue

Non, les joueuses de tennis ne sont pas plus inconstantes que les joueurs

Une étude statistique montre que si différence il y a, elle est circonscrite aux tournois du Grand Chelem, où le format en cinq sets favorise la logique pour les matchs masculins.
Serena Williams à Roland-Garros en 2015. (Photo Pascal Guyot. AFP)
par G. Dh.
publié le 29 mars 2016 à 14h33

C'est un reproche communément entendu à propos du tennis féminin : la logique y aurait moins cours que chez les hommes. La probablilité de voir une joueuse moins bien classée que son adversaire l'emporter serait plus grande ; celle de voir la gagnante d'un tournoi sortir prématurément lors du tournoi suivant y serait plus forte ;  les femmes seraient moins capables d'enchaîner les victoires et leurs résultats varieraient plus d'une saison à l'autre; le service y jouerait un rôle moins important ; les scénarios de matchs extravagants (genre 6-2, 0-6, 6-3) y seraient plus fréquents. Bref, tout cela contribuerait à rendre moins spectaculaire le tennis féminin, moins sérieux et justifierait in fine les disparités de dotations entre hommes et femmes, un sujet de polémique récemment relancé par les propos du directeur du tournoi d'Indian Wells et ceux de Novak Djokovic.

Eh bien ces arguments ne tiennent pas face à une analyse des chiffres, rapporte l'Equipe, qui a déniché les travaux d'une statisticienne américaine, Stephanie Kovalchik, qui a mené une étude sur les résultats des 100 premiers et premières mondiales entre 2010 et 2014.

Les défaites surprises contre un(e) adversaire moins bien classé(e) ? Elles représente 31,5% des résultats sur le circuit féminin contre 29,6% sur le masculin. Et encore cette différence n'est-elle observable que sur les tournois du Grand Chelem, où, rappelons-le, les hommes jouent en trois sets gagnants, un format moins propice aux surprises. De même, c'est lors des quatre tournois majeurs que les filles qui restent sur un trophée ont le plus de «chances» de sortir dès le premier ou deuxième tour et que les pourcentages de victoires des femmes par rapport à la saison précédente varie plus que celui des hommes. Pour ces deux derniers critères, le fait que les hommes jouent en cinq sets n'est pas non plus anodin.

Pour le reste, d'une saison sur l'autre, et à classement équivalent, les femmes alignent les mêmes séries de succès, gagnent autant de points sur leur service et leur retour, et leurs matchs ne donnent pas lieu à plus de retournements spectaculaires que ceux des hommes.

Chiffres à l'appui, Stephanie Kovalchik prouve donc que les clichés sur le tennis féminin ne sont que très rarement fondés. Et qu'ils ne se vérifient, un peu, que sur les tournois du Grand Chelem où les hommes sont un peu plus réguliers que les femmes, parce que la logique est forcément mieux respectée dans des matchs en cinq sets qu'en trois : l'outsider peut gagner une manche, voire deux. Mais trois, c'est une autre limonade.