Oublions un instant Thibaut Pinot ou Romain Bardet : Maxime Daniel est le coureur professionnel qui compte officiellement le plus de fans dans l'Hexagone. Ils sont 270 dans son club de supporteurs qui se déplacent à trois autobus. «On peut se reconnaître dans Maxime. C'est un coureur sain et sympa qui fait son petit truc», explique Jean-François Aubry, le président. Le sprinter d'AG2R La Mondiale, 24 ans, n'est pas une vedette mais un homme de la terre, discret et travailleur. Ce qui le rapproche de ses supporteurs, ses voisins du village de Boisgervilly, près de Rennes.
Chez les Daniel, on est agriculteur de père en fils, et cycliste pareil. Maxime conduit encore le tracteur en hiver. Quand il revient de l'entraînement, il boit le café à la ferme de ses parents. Il s'inquiète des vaches et des chèvres laitières : les temps sont durs. Eux lui parlent de sa vie dans les pelotons : il y a les hauts et les bas. Depuis sa chute au Tour de Berlin en 2011 jusqu'à une cruralgie (inflammation du nerf crural, dans la jambe) survenue mi-mars, Maxime fraye avec la malchance. «Mais je dois me battre, ne serait-ce que pour mon club de supporteurs», dit-il.
Dimanche, les copains n'iront pas en Belgique : le voyage est trop long. Maxime Daniel se battra quand même. Ce Tour des Flandres sera son premier mais il connaît ces terrains âpres. «Il faut être solide, comme aux champs, explique-t-il. Tu en baves mais tu as le bonheur de tirer les fruits de ton travail…» Le Breton espère prendre l'échappée matinale et travailler pour ses leaders. En mars, il s'est classé onzième du Samyn, une classique belge de préparation. «Il y avait de la grêle, j'avais la mâchoire gelée, je ne pouvais plus manger, raconte-t-il. Mais certains coureurs avaient encore plus mal que moi, alors j'ai insisté. Quelque part, la souffrance est une motivation.»