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Billet

A l'OM, le coach s'accroche

Les jours de Michel paraissaient comptés. Mais la propriétaire du club lui a accordé un sursis.
L'entraîneur de l'OM, Michel, en conférence de presse le 18 mars au Vélodrome. (Photo Bertrand Langlois. AFP)
publié le 5 avril 2016 à 14h10

Dimanche soir, Michel, l'entraîneur de l'OM, est monté dans une camionnette. Sur Twitter, des journalistes ont très vite posté une photo de la scène, accompagnée d'une légende : il part incessamment à Zürich, en jet, où réside Margarita Louis-Dreyfus, propriétaire du club. Quelques minutes seulement après la défaite à Bastia (2-1). Si on mettait le cliché sous le nez d'un quidam très loin des choses du foot, en lui demandant de le décrire, il pourrait très bien répondre «ça fait un peu DSK à New York, non ? Mais qu'est-ce qu'il a donc bien pu faire ?»

En Ligue 1, son équipe, treizième, n’a gagné que deux fois depuis janvier, huit fois en tout depuis le début de la saison. Cette scène de la camionnette est dingue et la suite encore plus : l’Espagnol est toujours en poste en dépit de l’avion, de l’exfiltration et de la réunion chez la proprio russe en Suisse, qui a finalement décidé de prendre son temps. Marseille n’est pas un club à 6 points de la relégation, c’est d’abord une entreprise avec une politique très prudente en matière de licenciement.

En face, Michel est un coriace, qui refuse de démissionner. Un CDD qui court encore un an et des poussières, ce n’est pas rien, même quand on est à court d’idées tactiques. Vincent Labrune, hyperprésident délégué, espérait qu’il craquerait fin mars après la fessée à domicile contre Rennes (2-5), juste avant la trêve internationale. Comme un dirlo de MacDo, qui après un énième coup de feu foiré, tendrait le stylo à un manager que tout le monde considère ou presque comme une erreur de recrutement ou une quiche – c’est selon.

Depuis huit journées, seul Troyes, bon dernier, a fait pire que Marseille. Le stade Vélodrome est un cimetière pour l’équipe (deux victoires en Ligue 1 cette année) et encore plus pour ses supporteurs. Sur le terrain, des joueurs avec un CV plus qu’honorable et même des recommandations n’arrivent pas à tirer un corner décemment. Parce que les sports co sont ainsi faits, c’est le coach espagnol qui va finir par payer. Son bilan est disséqué comme on corrige un exercice de maths : les statistiques le placent parmi les pires techniciens de l’histoire récente de l’OM et feraient presque passer Elie Baup pour José Mourinho.

Une série d’anomalies

Quasi quotidiennement, des sondages en ligne demandent aux internautes de se prononcer sur son incompétence. Hubert Fournier, récemment viré de Lyon, ne serait pas contre le remplacer. Tout le monde s'en fout de Michel, parce qu'il est déjà condamné et qu'il n'est plus en position de riposter. Parce qu'à l'OM, la camionnette a fini par prendre le pas sur le ballon. Quoi qu'il en soit, l'ancienne star du Real Madrid dirige l'entraînement ce mardi.

Dans d’autres boîtes, on le féliciterait de faire chier le patronat. On s’interrogerait sur la responsabilité de certains bras cassés autour de lui, en rappelant que Michel n’est pas arrivé comme ça. Une série d’anomalies, avec des stats encore plus éloquentes qu’un ratio de victoires ou de défaites. Cette saison, l’OM a connu trois entraîneurs. Peut-être un quatrième à venir si le club devait officiellement sauver sa peau en Ligue 1.