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March Madness

Basket universitaire : Villanova triomphe au terme d'une finale de légende

Malgré son statut de favori, North Carolina n'a rien pu faire face à l'efficacité offensive et l'intensité défensive des Wildcats, champions pour la deuxième fois de leur histoire.

Joueurs et staff de Villanova courent en direction de Kris Jenkins, qui vient de marquer le shoot de la gagne, à Houston, ce mardi. (Photo Streeter Lecka. AFP)
Publié le 05/04/2016 à 9h08

Une saison de basket est un marathon aux Etats-Unis. Un peu moins pour la version universitaire, mais 41 matchs tout de même. Alors, quand tout se décide à quatre dixièmes de la fin de l'ultime match, la finale de la March Madness, autant dire que cette dernière rentre dans l'histoire de la NCAA. Le héros de ce mardi, celui qui a envoyé le shoot de la gagne (77-74) pour Villanova, s'appelle Kris Jenkins. C'est la première fois qu'une saison de basket universitaire se décide sur un shoot au buzzer depuis 1983 et le dunk de Lorenzo Charles pour North Carolina State, les rivaux locaux de l'adversaire du soir.

Le match était en fait, dans son ensemble, un affrontement entre les deux équipes les plus impressionnantes de cette March Madness, Villanova et North Carolina, qui avaient respectivement explosé Oklahoma et Syracuse au tour précédent. L'adresse des joueurs en étant la première responsable d'ailleurs. En première mi-temps, les deux équipes sont au-dessus de 50%, ce qui est déjà excellent. Mais, en seconde période, Villanova est le seul à poursuivre cet exploit, ce qui lui permet d'annihiler l'écart qu'elle subissait à la pause et de prendre ensuite jusqu'à 10 points d'avance. Les Wildcats confirment ainsi être la meilleure équipe au pourcentage de tirs du tournoi, en terminant ce dernier avec 58% de réussite, du jamais vu dans les cinquante dernières années.

L'intensité défensive fut aussi un facteur déterminant. North Carolina avait fait sa mue lors du tournoi de conférence début mars et s'était transformée en équipe complète, laissant de côté une réputation de bulldozer offensif pour acquérir celle d'un collectif complet et donc taillé pour la victoire finale. Mais c'est Villanova qui a le plus réussi à faire déjouer les Tar Heels. Le brillant pivot de North Carolina Brice Johnson, impressionnant en première période, a par exemple disparu des écrans radars ensuite, les Wildcasts parvenant aussi bien à bloquer la raquette qu'à gêner autant que possible Joel Berry et Marcus Paige lors de leurs tirs à longue distance. Cela n'a pas empêché ce dernier, à vingt-deux secondes de la fin, de ramasser un rebond sous le panier adverse et de marquer puis d'égaliser à cinq secondes du buzzer grâce à un missile à 3 points, sur une jambe et en total déséquilibre, ce qui faisait alors croire alors à tous que l'affaire se jouerait en prolongation.

Insuffisant pour des Wildcats qui n'ont jamais paniqué, jusqu'à cette dernière possession, bien amenée par le produit local, le meneur de jeu Ryan Arcidiacono. L'histoire est belle pour lui et collée à l'université de Villanova, située à trente minutes au nord-ouest du centre de Philadelphie et de son lycée de Langhorne, dans la banlieue nord de la ville. Ses parents, Joe et Patti, s'étaient déjà rencontrés dans l'université de Villanova, alors que le père jouait dans l'équipe de football américain, et se sont installés il y a plus de trente ans dans le comté de Bucks, toujours au nord de Philadelphie. Quelques années plus tard, leur fils est devenu le joueur le plus capé de l'histoire des Wildcats, 144e et dernier match ce mardi. Même s'il ne devrait pas figurer dans la draft de juin, Arcidiacono a été sacré Most Outstanding Player du Final Four, l'équivalent du titre de MVP des finales chez les grands, et remonte ainsi le moral autant qu'il redonne de la fierté aux habitants de Philadelphie, honnis par la déchéance des Sixers, la franchise NBA du coin en passe de battre le record de la pire équipe de l'histoire en saison régulière.

«Sous le choc»

North Carolina faisait pourtant figure de favori dans cette finale. Après l'échec de Kansas, les Tar Heels étaient perçus comme les mastodontes de la March Madness. Et, au contraire de Villanova qui a avancé en silence, North Carolina était scruté par tous les médias. Michael Jordan était aussi dans les tribunes pour soutenir sa fac, celle qu'il avait fait gagner en 1982. Passé par toutes les émotions, il a permis à Internet de sublimer l'art du crying Jordan, l'un des memes les plus viraux du Net à chaque épreuve sportive. Lors du tir fatal, on l'a tout de même vu concéder la perfection du geste, en fin connaisseur d'un sport qu'il connaît quelque peu.

Dans son émouvante et éprouvante interview d'après match, Roy Williams, coach de North Carolina, a quitté cette saison en pleurs, mais avec classe : «J'aime les joueurs de mon vestiaire», a-t-il lâché entre deux sanglots. Il a aussi tenu à féliciter Villanova. Car il était difficile de faire mieux et empêcher les Wildcats de gagner leur deuxième titre de leur histoire, trente et un ans après le premier. Un instant unique, donc, pour l'université. Pour les joueurs aussi, car la carrière n'est que de quelques années à l'université. Même sentiment pour le coach, évidemment, même si les années sont extensibles, à l'instar de Roy Williams qui a entamé sa carrière en 1973. Jay Wright, son homologue et vainqueur d'un match au scénario épique, a, lui, marqué les esprits puisqu'il n'a rien esquissé au moment du shoot majestueux. «J'ai hâte de voir le regard que je faisais car j'étais sous le choc», a-t-il expliqué après le match. Ça tombe bien, la planète basket l'était aussi à ce moment-là.

La réaction de Charles Barkley, membre de la première Dream Team, celle des JO de 1992

A l'université Villanova où l'on suivait la finale sur écran géant