C'est à se demander si le football est le seul sport où la France n'arrive pas à atteindre des finales de Coupe d'Europe. Et encore moins de les gagner… En rugby, Toulon est le triple détenteur de la H-Cup, le plus important trophée continental. En handball, Montpellier a remporté la Ligue des champions en 2003. Et en basket, la JSF Nanterre a glané l'EuroChallenge l'an dernier. Malgré tout, la présence de la SIG de Strasbourg dans la finale de ce vendredi (20h55 sur Ma Chaîne Sport, match retour mercredi) n'est pas une chose qu'il faudrait mésestimer.
Comment se déroulent les coupes d’Europe de basket ?
Les coupes d'Europe du basket européen sont peut-être l'une des choses les plus mystérieuses du sport sur le Vieux Continent. Avant tout, il y a deux organisateurs différents – un peu comme dans le foot hexagonal, avec la Coupe de France, organisée par la Fédération française de football, et la Coupe de la ligue, créée par… la ligue des clubs professionnels de football. En basket, ce sont la Fédération internationale de basket-ball (Fiba) et l'Union des ligues européennes de basket-ball (Uleb). Cette dernière organise l'Euroligue (C1, 1er échelon en termes de qualité) et l'Eurocoupe (C2) où Strasbourg est en finale. La Fiba, quant à elle, s'occupe de la Fiba Europe Cup (C3), qui a cette année remplacé l'EuroChallenge. Voilà pour ce qui en est à l'instant où nous nous parlons.
Mais l'an prochain, les cartes vont être redistribuées, à la suite des coups de semonce tirés par les deux entités. Premiers à dégainer, l'Uleb, qui a décidé à l'automne de créer une Euroligue semi-fermée. Ainsi, 11 clubs seront qualifiés d'office : Anadolu Efes Istanbul, Fenerbahce Istandul, CSKA Moscou, Real Madrid, Barcelone, Emporio Armani Milan, Vitoria Gasteiz, Maccabi Tel-Aviv, Panathinaikos Athènes, Olympiakos Le Pirée et Zalgiris Kaunas. A ceux-là, s'ajouteront d'autres clubs, histoire d'arriver à 16. Pas en reste, la Fiba, pour concurrencer ce projet, va créer une Fiba Champions League, avec 30 ligues nationales participant.
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La semaine dernière, le conflit s'est accéléré : la Fiba a suspendu 14 fédérations (Espagne, Turquie, Russie, Italie, Serbie, Croatie, Lituanie, Grèce, Israël, Monténégro, Bosnie, Slovénie, Macédoine et Pologne) de ses compétitions. Dont fait partie l'EuroBasket. Or, cette compétition sans l'Espagne ou la Turquie perdrait totalement de son intérêt. La désescalade paraît donc l'issue la plus probable. Mais la surenchère de la Fiba inquiète. Dans le Corriere Della Serra, le président de l'Euroligue, Jordi Bertomeu, s'en est ému : «La réaction de la Fiba n'est pas légitime. Elle est brutale. Essayer de "tuer" les équipes n'est pas une solution.»
Que vaut l’Eurocoupe ?
Dans tout ce marasme, l'Eurocoupe va aussi être refondée. Le projet ressemble en partie à celui de l'Euroligue, avec des équipes qui auront des places assurées. Concernant la version en marche cette année, si la différence entre C1 et C2 est évidente, la compétition n'est pas non plus d'un niveau ridicule. Des équipes comme Valence, le Bayern, Milan ou le Maccabi Tel Aviv ont des effectifs solides et sont des institutions. Cette dernière équipe a par exemple gagné l'Euroligue en 2014. David Blatt, alors coach de l'équipe, a ensuite été débauché par les Cleveland Cavaliers, en NBA. Ceci permet de placer le niveau général de cette compétition.
Quelles sont les chances de Strasbourg ?
Sur le papier, Galatasaray part clairement favori face au club français. Mais c'est déjà ce qui était annoncé en quart de finale face aux Russes de Nijni Novgorod. Puis contre Trente, après le match aller, perdu à domicile par les Strasbourgeois. Pourtant, ils ont su trouver les ressources nécessaires en Italie et se sont propulsés en finale. En championnat, tout va plutôt bien aussi. Deuxième de Pro A derrière les surprenants Monégasques, la SIG aura avec Galatasaray le deuxième de son propre championnat. Malgré tout, la ligue turque étant bien plus compétitive que sa consœur tricolore, la comparaison s'arrête là. A Rodrigue Beaubois et Mardy Collins, notamment, de renverser la table des prédictions.
Nouveau miracle signé Vincent Collet ?
C'est l'un des motifs qui font se passionner certains amateurs de basket pas forcément fans de la SIG. Vincent Collet, l'entraîneur de Strasbourg, a un long palmarès depuis le début des années 2000. Deux titres de champions de France (en 2006 avec Le Mans et en 2009 avec l'Asvel) et finaliste des trois dernières éditions avec Strasbourg. Mais c'est surtout par son travail avec les Bleus qu'il a gagné sa réputation. Quatre médailles entre 2011 et 2015, dont, évidemment, l'Euro en 2013 remporté face à la Lituanie, après avoir éliminé l'Espagne ainsi qu'une médaille de bronze en 2014, après avoir battu l'Espagne chez elle dans un quart de finale de légende. Ajouter l'Eurocoupe à son palmarès permettrait à Vincent Collet, 52 ans, d'avoir l'un des tableaux de chasse les plus brillants du basket français. Après le match contre Trente, le coach ne cachait par ailleurs pas son bonheur : «C'est historique pour le club, mais aussi un grand moment dans ma carrière. J'ai remercié les joueurs de me l'avoir offert.» Les fans du SIG sauront lui rendre la pareille si triomphe il y a au bout.
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