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Les 23 Bleus de Deschamps pour passer à l’Euro

Ben Arfa absent comme prévu : pas de surprise dans la liste des joueurs retenus pour le championnat d’Europe de football qui débute en France dans un mois.

L'équipe de France à l'entraînement sous la direction de son sélectionneur Didier Deschamps au Stade de France, le 28 mars 2016 (Photo FRANCK FIFE. AFP)
Publié le 12/05/2016 à 21h11

Aucun écart entre la liste des 23 partants pour l’Euro annoncée ce jeudi par le sélectionneur Didier Deschamps et ses choix précédents : les effets d’annonce, très peu pour lui. Hatem Ben Arfa compte parmi les huit réservistes, susceptibles d’être pris en cas de blessures des autres, et il ne doit pas désespérer : trois d’entre eux avaient finalement pris l’avion pour le Mondial brésilien voilà deux ans.

Gardiens : Hugo Lloris (Tottenham), Steve Mandanda (Marseille) et Benoît Costil (Rennes), Alphone Aréola (Villareal) (1).

Benoît Costil n’est pas le troisième meilleur gardien français : en revanche, il est le meilleur «troisième gardien», ce poste sans perspective de disputer les matchs, qui balance entre la force d’interposition entre les deux autres (Lloris et Mandanda ne s’aiment pas), le camarade d’entraînement toujours prêt à en remettre si l’un des deux le juge utile -aucun risque avec Mandanda, rétifs aux séances de préparation - et le boute-en-train. Il implique une forme de renoncement.

Que n’a pas accepté le troisième dans la hiérarchie des portiers tricolores, Stéphane Ruffier : en froid avec l’entraîneur des gardiens Franck Raviot et fatigué de s’entraîner seul avec les défausses à répétition de Mandanda et un Lloris un peu flottant, dont le confort psychologique passe plus par la salle de soin que le terrain, le Stéphanois a passé un deal avec Deschamps cet automne : c’est sans lui, mais si Lloris ou Mandanda se blesse, il est disponible. Costil doit sa présence dans les 23 à cet arrangement.

Défenseurs : Christophe Jallet (Lyon), Bakary Sagna et Eliaquim Mangala (Manchester City), Raphaël Varane (Real Madrid), Jérémy Mathieu (FC Barcelone), Patrice Evra (Juventus de Turin), Lucas Digne (AS Roma), Laurent Koscielny (Arsenal), Samuel Umiti (Lyon), Djibril Sidibé (Lille).

Misère. Avant que Sagna ne reprenne pied à Manchester à la faveur d’une blessure de son concurrent au poste d’arrière droit, cinq des huit tricolores désignés par Deschamps étaient remplaçants dans les clubs: voilà qui désigne un secteur en souffrance, le sélectionneur allant au moins mauvais. Ce qui lui a imposé un surcroît de réflexion : selon nos informations, seules les doublures des latéraux (Digne et Jallet plutôt que Layvin Kurzawa et Mathieu Debuchy, qui a déclaré forfait in extremis jeudi) ont fait l’objet d’un débat au sein du staff mercredi soir.

On a coutume de dire qu’une équipe traîne ses carences défensives comme le corps compose avec une baisse des défenses immunitaires : on vit avec la vulnérabilité, l’idée même de cette insécurité constituant un poids psychologique considérable.

Milieux : N'Golo Kanté (Leicester), Yohann Cabaye (Crystal Palace), Lassana Diarra (Marseille), Paul Pogba (Juventus de Turin), Blaise Matuidi et Adrien Rabiot (Paris-SG), Moussa Sissoko (Newcastle), Morgan Schneiderlin (Manchester United).

La belle histoire du groupe tricolore. Comme quoi il en reste : la cohabitation entre un Kanté (25 ans) qui a failli ne jamais naître au football de haut niveau (il était encore amateur en 2013) et un Diarra (31 ans) qui avait complètement disparu des radars après un début de carrière fracassant, la rumeur l’envoyant même combattre dans les rangs jihadistes à Raqqa. Une parabole sur le foot d’aujourd’hui, qui laisse une part exponentielle aux circonstances et à ceux qui arrivent dans la lumière après avoir exploré les marges du système.

Attaquants : André-Pierre Gignac (Monterrey), Olivier Giroud (Arsenal), Kingsley Coman (Bayern Munich), Anthony Martial (Manchester United), Dimitri Payet (West Ham), Antoine Griezmann (Atletico Madrid), Alexandre Lacazette (Lyon), Kevin Gameiro (FC Séville) et Hatem Ben Arfa (Nice).

Deschamps vit avec des fantômes : trois des quatre meilleurs attaquants français actuels (Hatem Ben Arfa, Franck Ribéry et Karim Benzema) ne disputeront pas l'Euro. Détail piquant : en pleine forme depuis deux mois qu'il est revenu d'un tunnel de près de deux ans de blessures, Ribéry a poussé sur le banc à Munich… Coman, dont la présence dans le groupe n'a jamais fait de doute. Coman n'a pas 20 ans, Ribéry en affiche 33 et il incarne un passé tricolore que personne - et surtout pas le sélectionneur - n'a envie de voir remonter à la surface. Deschamps a planté les clous sur le cercueil jeudi, enferrant de surcroît Ribéry dans sa décision d'août 2014 de ne plus remettre les pieds chez les Bleus - il est revenu dessus depuis, comme prévu : «Sincèrement, je n'ai pas réfléchi à le faire venir. Il a beaucoup apporté avant moi, il a aussi beaucoup apporté pendant, mais il a pris une décision et j'ai fait confiance à des joueurs qui ont répondu à mes attentes depuis. Je n'avais pas le droit de les écarter.» Ben Arfa, en revanche, a eu droit aux honneurs, Deschamps l'expédiant dans la liste des réservistes en saluant son talent : «Je ne remets pas en cause la qualité d'Hatem mais la concurrence est très forte, et ceux que j'ai pris ont énormément marqué cette année.» Pour Benzema, écarté pour son implication présumée dans un chantage sur son ex-équipier en bleu Mathieu Valbuena, l'oraison a été lapidaire : «La question de sa présence ne se posait pas sur le plan sportif. Mais j'ai considéré que le collectif était au-dessus de tout.»

(1) Les 23 sont en gras, les réservistes suivent.