Soixante-cinq. Le chiffre est hallucinant. Depuis 2000, Roger Federer a disputé tous les tournois du Grand Chelem. Il n'y en aura pas un 66e d'affilée. Jeudi, sur sa page Facebook, le Suisse a annoncé son forfait pour Roland-Garros. «Mon état physique s'est amélioré mais je ne suis pas à 100 % et je sens que je prendrais des risques inconsidérés en disputant ce tournoi avant d'être totalement rétabli. C'est une décision difficile, mais je l'ai prise pour être sûr de disputer le reste de la saison et pouvoir poursuivre ma carrière.»
A 34 ans, le Suisse connaît une saison compliquée. Réputé pour connaître parfaitement son corps et ne jamais lui avoir infligé le match de trop, il n’a disputé que trois tournois en 2016. Battu en demi-finale de l’Open d’Australie par Novak Djokovic, il n’est réapparu sur le circuit que trois mois et demi plus tard, au Masters 1000 de Monte-Carlo (éliminé en quart de finale par Tsonga), blessé au genou, puis au dos (son seul point faible physique identifié). La semaine dernière, à Rome, il a été sorti dès son deuxième match par l’une des jeunes pousses des courts, l’Autrichien Dominic Thiem, contre lequel il s’était montré très diminué. Il avait alors évoqué la possibilité de ne pas disputer Roland-Garros. Sa décision est logique. Le «French Open» est le plus éprouvant des tournois à cause de la terre battue et, même à 100 %, le Suisse n’aurait aucune chance de l’ajouter une deuxième fois à son palmarès. Alors que, à la loulou, il peut espérer réaliser un hold-up à Wimbledon où le talent pur prime sur la résistance physique.
Mais le véritable objectif de sa saison pourrait être les Jeux olympiques, qu’il n’a jamais remportés. Et d’aucuns d’imaginer, même s’il ne l’a jamais évoquée, une retraite sur une médaille d’or. Comme un point final majestueux à une carrière exceptionnelle. Car, n’en déplaise à ses fans, la question que doit aujourd’hui se poser le Suisse, c’est : «Comment ne pas rater ma sortie ?»