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Foot: les banques ne veulent plus faire crédit aux clubs français

Les établissements français refusent le moindre prêt aux clubs pro, à cette période charnière entre deux saisons.
La Ligue 1 va terminer l'année en déficit de 56 millions d'euros. (AFP)
publié le 26 mai 2016 à 14h20

Dans trois semaines, le football français va s’offrir une vitrine rutilante avec un championnat d’Europe qui convoquera pour la première fois près de la moitié des sélections du Vieux continent. On sait que la réalité d’un football de club hexagonal exsangue n’a cependant rien avoir avec ces fastes, entre pertes pharaoniques – 67 millions d’euros de perte enregistrés par les équipes de Ligue 1 et Ligue 2 pour l’exercice 2014-2015, le septième déficitaire de rang – et multiplication des prêts pour éviter de régler le montant des transferts.

Les banques françaises viennent cependant de porter un coup très dur aux clubs français: alors que ceux-ci ont pris l'habitude de se faire ouvrir des lignes de crédit à cette période de l'année, tant pour provisionner les transferts à venir (le marché estival bat son plein) que pour régler les primes dues aux joueurs à l'issu de l'exercice en cours, ils se voient tous, selon nos informations, refuser le moindre prêt depuis quelques semaines par les établissements bancaires français. «Même pas d'un euro», juge l'un des acteurs exerçant une activité de conseil.

Le plus troublant : toutes les banques françaises ont adopté la même position au même moment, les dirigeants de club ayant tôt fait d’y voir rien moins qu’une entente. Que le foot hexagonal ait la viabilité économique du business des go fast entre Paris et Amsterdam peut bien entendu s’entendre : beaucoup de places fortes du ballon ne tiennent qu’à coups d’abandons sur créances de leur actionnaire principal, une manière de mécénat dans les faits. D’autres bouclent leur budget sur un transfert et un seul, ce qui traduit la volatilité de leur modèle économique.

Ça va mieux?

Cependant, le timing interpelle : selon la Ligue professionnelle, «en Ligue 1, le résultat net cumulé à l'issue de l'exercice 2014-2015 est déficitaire de 56 millions d'euros contre 103 après la saison précédente», soit une réduction du déficit de 46%. En gros, ça va mieux. Pourquoi donc couper les crédits aujourd'hui ? Un observateur : «Les clubs devront se financer d'une façon ou d'une autre. Si les banques françaises ferment la porte, il reste les établissements étrangers ou les fonds d'investissement liés au foot qui acceptaient comme garantie les droits économiques des joueurs, c'est-à-dire le montant de leur futur transfert, avant que cela soit interdit.» Des fonds d'investissements souvent diabolisés par les instances, qui pointent l'opacité de leur actionnariat comme des circuits financiers utilisés par eux. Quant aux établissements bancaires étrangers sur lesquels s'adossent certains investisseurs du foot, l'organisme gouvernemental Tracfin, qui lutte contre le blanchiment, les a parfois regardés avec défiance, exigeant que l'argent de tel ou tel repreneur potentiel transite par une banque française.

Dit autrement, le veto des banques hexagonales pousse un peu plus les clubs français dans les marges de la transparence, sinon de la légalité. On ne dit pas que ce même veto pousse les clubs à la faute… mais on le pense un peu quand même.