Faut croire que c’est la semaine des interviews «événements», qu’il faut relire deux ou trois fois pour les déchiffrer. Karim Benzema, Eric Cantona et vendredi, Nasser Al-Khelaifi. Dans les colonnes du Parisien, le président du Paris Saint-Germain a annoncé de «gros changements» pour la saison prochaine et parlé «d’échec» pour résumer celle qui vient juste de s’écouler.
La faute à l'élimination en quarts de finale de Ligue des champions contre Manchester City, qu'il raconte ainsi : «Deux heures avant le match retour à Manchester, je savais qu'on allait perdre. Je ne sentais pas les joueurs et je l'ai dit un membre du staff. Ils n'étaient pas prêts au combat. On a perdu avant de jouer». En filigrane, le cas de Laurent Blanc - dont les oreilles doivent siffler - et le fantasme autour de son éventuel licenciement. Mais en définitive, rien de neuf, ni de dingue dans le fond, sauf peut-être des mots un peu moins gnangnan que d'habitude.
Laurent Blanc, la même rengaine. Quand il est arrivé il y a trois ans, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France était déjà un choix par défaut, avec la condamnation qui va avec : lorsque son équipe gagne, il n'y est pour rien, lorsqu'elle perd, tout est de sa faute. Si Paris pouvait avoir mieux sur le banc, les Qataris ne se gêneraient pas. Là, maintenant, il y a l'hypothèse/rumeur Diego Simeone, l'entraîneur de l'Atletico Madrid, dont l'équipe a atteint deux fois la finale de la Ligue des champions en trois ans. Son portrait-robot - un technicien qui a construit une équipe de morts de faim - colle pile-poil avec ce que le patron du PSG exprime : «On a besoin de joueurs qui mangent le gazon, prêts à mourir pour ce club et pour ce maillot.» Une hypothèse quoi, qui ne change pas un impondérable : Paris n'est pas encore une priorité pour les plus grands techniciens, qui de surcroît, sont déjà tous en poste.
Ibra s'en va. Et en soi, c'est une raison suffisante pour parler de «gros changements» et de «nouveau cycle». Le Suédois était la gâchette du PSG, avec 154 buts en 179 matches toutes compétitions confondues en quatre ans. L'argument marketing numéro 1 du club, voire de la Ligue 1. Tout tournait autour de lui, au point qu'il a même pu se permettre d'arrêter un match de Ligue 1 au Parc des Princes - son dernier face à Nantes - pour faire un câlin à ses gosses au milieu de la pelouse. Il faut rebâtir une attaque, un système et une vie dans le vestiaire, puisque Al-Khelaifi avait aussi filé les clés de celui-ci à Ibra.
Qataris tout-puissants. Le timing de l’interview interroge. Disons que Al-Khelaifi n’était pas obligé de la faire tout de suite. Pour le reste, dès lors qu’il a décidé de dresser le bilan, il était inconcevable de ne pas parler d’échec et de déception, qui sont les deux mots préférés des supporters, des journalistes, des observateurs pour décrire la saison du Paris Saint-Germain. En somme, impossible cette fois-ci de la jouer «on a encore marché sur la France, c’est grandiose», au risque de passer pour un Martien. Ce n’est pas tant l’élimination en Ligue des champions qui fâche, mais la manière : ce PSG pourtant bien armé s’est fait sortir comme un cancre (apathie, résignation, approximations, nervosité), contre une équipe largement prenable. Com’ logique donc et com’ qui n’engage à rien : de toute façon, les Qataris, dans cette Ligue 1-là, n’ont de comptes à rendre à personne.