Joe Frazier, le meilleur ennemi
Ses bourreaux auront été Ali et Foreman, les seuls à l’avoir battu sur le ring. Mais c’est un cancer du foie qui a mis KO Joe Frazier, en 2011. Il avait 67 ans et était fauché. La carrière et la vie de ce «besogneux» restent liées à celles du «Greatest», qui le martyrisa autant avec ses mots qu’avec ses poings. Même sa nécro est racontée comme celle d’un figurant, qui d’ailleurs, n’a jamais vraiment pardonné à son rival. Lors de leur premier combat en 1971 - remporté par «Smokin’ Joe» -, Mohamed Ali le traite de
«gorille»
et d’Oncle Tom symbolisant
«l’allégeance des Noirs du Sud à leurs maîtres blancs»
. Guerre psychologique, mais trahison pour Frazier, qui l’avait soutenu quand il avait été suspendu après avoir refusé d’aller faire la guerre au Vietnam. Joe Frazier, lui, s’obstinait à l’appeler Cassius Clay. Il y a bien eu des excuses d’Ali :
«J’ai dit des choses que je n’aurais pas dû. J’en suis désolé, c’était pour le business.»
Mais Joe Frazier n’a pas vraiment pardonné. D’ailleurs, avant son décès, il ironisait sur le Parkinson d’Ali :
«C’est moi qui ai gagné, j’en suis la preuve vivante. Je parle, je marche.» (Photo AFP)
George Foreman, l'anti-Ali

L’un des plus beaux hommages à Mohamed Ali est venu de celui qui a partagé avec Joe Frazier, le deuxième rôle de la légende du «Greatest». George Foreman est le dernier survivant de la bande des trois. Techniquement et humainement, il était l’anti-Ali : un poids lourd dans tous les sens du terme, mal à l’aise devant les médias. Avant même de monter sur ring pour le mythique combat de Kinshasa, George Foreman a été laminé par Ali dans la bataille de la com. Deux ans plus tard, touché par la grâce (il a vu Jésus), il abandonne la boxe pour devenir pasteur. Mais en 1987, autant le besoin d’argent que l’impérieuse nécessité d’exorciser cette défaite («un cauchemar», dira-t-il) le poussent à sortir de sa retraite. Devenu le sympathique bon vieux «Big George», il réussit, en 1994, à reconquérir le titre de champion du monde des lourds. A près de 45 ans, c’est un record. Dont Mohamed Ali ne pourra pas le priver.
(Photo AFP)