Et maintenant, la discussion de comptoir ! Alors que l'Euro débute au Vélodrome samedi, avec Angleterre-Russie, et que la ville est déjà soumise à une ambiance chaotique, les Marseillais assistent depuis mercredi au match improbable auquel se livrent les autorités autour de l'autorisation de diffuser ou non les matchs en terrasse des cafés. Tout part de la publication, mercredi dans la Provence, d'un courrier adressé par la mairie aux cafetiers, indiquant que «les écrans de télévision situés à l'extérieur» des bars étaient proscrits. Ordre du ministère, assure la ville, invoquant une circulaire interministérielle du 22 février relative à la sécurité durant l'Euro. Face à la colère des commerçants, l'adjointe aux emplacements a rapidement fait machine arrière, indiquant qu'il ne s'agissait là que d'une «recommandation», avant de se retrancher à nouveau derrière la fameuse circulaire, renvoyant la responsabilité du tollé à l'Etat. Dans la soirée, le préfet de police s'est, lui aussi, fendu d'un communiqué pour démentir l'information : «L'instruction interministérielle […] s'adresse aux communes du département, pour les zones bien spécifiques de retransmission des matchs sur écran géant organisées par les communes. Elle ne vise en aucun cas les débitants de boissons ou restaurants», écrit-il.
Arrêtés. Jeudi matin, c'est le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard, qui le contredit sur BFM TV : «On peut voir le match dans un endroit fermé à partir du moment où il y a une sécurité, mais on ne peut pas faire de rassemblement dehors.»C'était sans compter sur le recadrage express du cabinet de Patrick Kanner, le ministre des Sports, qui confirme l'autorisation pour les bistrotiers d'installer leur écran en terrasse. Fin du match ?
Si l'affaire semble réglée, à Marseille, qui accueille six matchs de l'Euro, les habitants ont bien du mal à entrer dans la fête, déjà largement corsetée pour des raisons de sécurité. Pour le bon déroulement de la compétition, la municipalité a ainsi pris une série d'arrêtés pour encadrer l'activité autour du stade, mais aussi de la fan-zone, installée sur les plages du Prado. Piquer une tête sera interdit dans la partie attenante à la zone entre 19 heures et 5 heures du matin, au risque d'écoper d'une amende de 18 euros. La circulation s'annonce aussi chaotique les jours de match : outre les modifications de sens, plusieurs rues seront interdites aux transports les après-midi de match. Les services de police sont d'autant plus sur les dents que la rencontre Angleterre-Russie de samedi est classée «à risque», les deux équipes pouvant entraîner dans leur sillage des groupes de hooligans…
Grèves. A ce contexte ultra-sécuritaire s'ajoute une situation incertaine sur le front social : outre les grèves à la SNCF et chez Air France qui affectent les transports, le mouvement en cours au sein du personnel de l'incinérateur de déchets de Fos-sur-Mer pourrait gêner le ramassage des ordures dans Marseille. Pour l'instant, la ville a trouvé des solutions de repli, mais le maire LR, Jean-Claude Gaudin, a demandé l'intervention des forces de police pour un «déblocage d'urgence des accès du site». Fort heureusement, le lancement des festivités devrait balayer cette ambiance morose : la fan-zone sera inaugurée ce vendredi soir avec la retransmission sur écran géant du match France-Roumanie. Suivie d'un concert de Cerrone. Quand ça veut pas…